La pente verticale prise par les indices boursiers à 14h30 hier ne laisse aucune place pour le doute : le marché a offert un enterrement de première classe au cycle de resserrement monétaire de la banque centrale américaine. Les chiffres de l'inflation d'octobre ont joué le rôle de derniers clous dans le cercueil. Les prix à la consommation des Etats-Unis ont en effet poursuivi leur décrue au-delà de ce qui était prévu, ce qui permet d'envisager leur retour en zone inoffensive dans les mois qui viennent. Alors bien sûr, l'économie est tout le contraire d'une science exacte, mais les investisseurs ont balayé les doutes et renforcé leurs achats, en accentuant une tendance qui avait démarré il y a une quinzaine de jours.

Toutes les places boursières ont fêté cette annonce. Je rappelle ici le schéma de base : fin de la hausse des taux = possibilité de baisse de taux = argent moins cher = plus de liquidités disponibles = reprise économique = amélioration des résultats des entreprises. Le Stoxx Europe 600 a gagné 1,3%, avec des progressions allant de 2,2% en Suède, un marché riche en industrielles cycliques, à 0,6% aux Pays-Bas, où la fête a été un peu gâchée par la baisse de deux valeurs en surpoids dans l'indice, Shell et Unilever, des actions trop conservatrices pour des investisseurs qui ont la bougeotte. Aux Etats-Unis, Le Nasdaq 100 a gagné plus de 2%, le S&P500 1,9% et le Dow Jones 1,4%. Mais l'indice qui illustre le mieux le changement de paradigme qu'envisage le marché est le Russell 2000, l'indice des petites et moyennes valeurs américaines, qui s'est envolé de 5,4%. Dans un contexte d'arrivée en fin de cycle de hausse de taux, cette typologie de dossier est celle qui offre, historiquement, les meilleurs rendements. Sans entrer dans le détail, c'est parce que l'accès à de meilleures conditions de financement est un puissant levier pour les entreprises de cette taille.

Quelques mots sur l'évolution des prix à la consommation américains d'octobre, puisque c'est le nerf de la guerre. Aux Etats-Unis, l'inflation brute a ralenti à 3,2% sur un an en octobre et l'inflation de base à 4%. Les deux chiffres sont inférieurs à ce qui était redouté, ce qui a renforcé le début de mois de novembre sous stéroïdes des actions à Wall Street, et fait chuter de plus de 20 points le rendement des T-Bonds. La baisse concomitante des loyers, de l'essence, des prix automobile et d'autres postes explique cette tendance, qui est appelée à durer, estiment les économistes, car l'effet des taux élevés commence à peser lourdement sur certains pans de l'activité économique outre-Atlantique. La Fed a dû pousser un ouf de soulagement car tout cela ressemble pas mal à la situation qu'elle espérait voir se développer. Finalement, le scénario de la banque centrale et celui des investisseurs sont en train de converger, ce qui explique le retour de l'appétit pour les actifs à risque. J'imagine que le job de la banque centrale américaine va être de faire en sorte que ce regain d'appétit ne se transforme pas à nouveau en inflation, ce qui ferait à derechef diverger les intérêts des uns et des autres.

Ce qui a quand même changé fondamentalement, c'est que la Fed a désormais une meilleure assise pour éventuellement baisser ses taux si l'économie montre trop de signes de faiblesses, c’est-à-dire si l'atterrissage en douceur se passe mal. Et ça, le marché l'a bien compris. Il pense même que trois ou quatre baisses de taux d'un quart de point sont possibles dans le courant de l'année prochaine. Quant aux sceptiques, ils sont de plus en plus isolés. Le pari d'une dernière hausse de taux lors des réunions de décembre et de janvier plafonne à 5,5% selon les contrats à terme. Autant dire que c'est la très grosse cote du moment. En revanche, il y a désormais une courte majorité en faveur d'une baisse de taux dès la réunion de mai 2024.

On reste dans le domaine macroéconomique avec un voyage en Chine, où il s'est passé par mal de choses cette nuit. Enfin pendant la journée là-bas. Le Bureau national des statistiques a publié une batterie de données macroéconomiques et – surprise – elles ne sont pas toutes déprimantes. Le marché se focalise surtout sur l'accélération des ventes de détail, en hausse de 7,6% sur un an, alors que l'attente moyenne était à 7%. Léger dépassement aussi du côté de la production industrielle, qui s'est appréciée de 4,6% (4,5% anticipé). L'investissement dans les biens d'équipement était lui en hausse, mais un peu en-deçà des projections (+2,9% vs 3,1% attendu). Le gros point noir reste l'immobilier, avec une poursuite de la chute de l'investissement et des ventes. En mettant tout ça dans une boîte et en secouant bien, les spécialistes en retirent un léger biais positif, surtout après la grosse pile de déceptions accumulées dernièrement. D'autant qu'en parallèle, la banque centrale chinoise, la PBOC, a procédé à sa plus grosse injection de liquidités dans le système financier depuis 2016, signe que les autorités s'agitent pour aiguillonner une économie apathique. Pour faire le lien entre les deux derniers sujets que je viens de développer, je rappelle qu'une rencontre entre le président chinois Xi Jinping et son homologue américain Joe Biden aura lieu aujourd'hui à San Francisco.

Les marchés d'Asie Pacifique répliquent la hausse de Wall Street. Le Nikkei 225 japonais gagne 2,5%, le Hang Seng de Hong Kong 3,2%, le KOSPI coréen 1,9% et l'ASX australien 1,4%. La hausse est un peu moins forte en Inde (+0,9%) et en Chine continentale (+0,4%), où la poursuite de la débâcle immobilière atténue les nouvelles positives du jour. Les indicateurs avancés européens sont haussiers. Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,4% à 7215 points. Le SMI étaient à l'équilibre à 10 715 points. Le Bel 20 gagnait 0,2% à 3513 points.

Les temps forts économiques du jour

L’inflation d’octobre au Royaume-Uni (8h00) sera suivie de la seconde lecture de celle de la France (08h45), puis de la production industrielle européenne (11h00). Aux Etats-Unis, l'Empire Manufacturing, les prix à la production et les ventes au détail seront disponibles à 14h30, avant les stocks d'entreprises (16h00) et les stocks de brut DOE (16h30). Tout l'agenda ici.

L'euro remonte à 1,0880 USD. L'once d'or s'échange à 1966 USD. Le pétrole est ferme, avec un Brent de Mer du Nord à 82,63 USD le baril et un brut léger américain WTI à 78,37 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans chute à 4,43%. Le bitcoin évolue autour de 35 500 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Ahold Delhaize : Morgan Stanley passe de surpondérer à pondération de marché avec un objectif de cours réduit de 34 EUR à 28,70 EUR.
  • Alfen : Berenberg reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 65 à 54 EUR.
  • Ashtead : Société Générale maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 6700 à 6100 GBX.
  • Auto Trader Group : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 660 GBX à 700 GBX.
  • Banco BPM : Keefe Bruyette & Woods passe de surperformance à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 7,19 à 7,21 EUR.
  • Baywa : DZ Bank Research passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 45 EUR à 37 EUR.
  • BBVA : Morgan Stanley reste à pondération de marché avec l'objectif de cours relevé de 9,20 à 9,70 EUR.
  • Broadpeak : Portzamparc reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 8,40 à 6,60 EUR.
  • Caixabank : Keefe Bruyette & Woods passe de performance de marché à surperformance avec un objectif de cours relevé de 5,33 à 5,93 EUR.Clariane : Portzamparc maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 9,50 à 3,20 EUR.
  • Coloplast : RBC Capital maintient sa recommandation de performance de secteur et réduit l'objectif de cours de 900 à 800 DKK.
  • Compagnie Financière Richemont : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 138 CHF à 136 CHF.
  • ConvaTec : Morgan Stanley maintient sa recommandation de surpondérer et relève l'objectif de cours de 260 GBX à 280 GBX.
  • Danube : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 107 à 90 EUR.
  • Delivery Hero : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 63 à 60 EUR. JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 51 à 52 EUR. Oddo BHF maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 41 à 33 EUR.
  • Diageo : Morningstar passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 3200 GBX à 3000 GBX.
  • Entain : CBRE Research maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 1500 à 1000 GBX.
  • Equasens : Stifel maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 75 à 66 EUR.
  • Erste Group Bank : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 56 à 58 EUR.
  • Freenet : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 30 à 31 EUR.
  • Imperial Brands : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 1670 à 1636 GBX.
  • Infineon Technologies : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours réduit de 50 à 47 EUR.
  • Innate Pharma : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 2,75 à 2,50 EUR.
  • International Consolidated Airlines Group : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 210 GBX à 219 GBX. Société Générale maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 247 GBX à 202 GBX.
  • Jungheinrich : Citigroup reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 32 à 30 EUR.
  • Kion Group : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 48 à 53 EUR.
  • Nordex : Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours réduit de 15,50 à 15 EUR.
  • Oxford Instruments : HSBC passe de conserver à acheter avec un objectif de cours relevé de 2400 à 2440 GBX.
  • Pandora : Goldman Sachs maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 725 à 959 DKK. Citigroup maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 810 à 1050 DKK.
  • Reply : Société Générale passe d'acheter à conserver en visant 112 EUR.
  • Rheinmetall : Oddo BHF maintient sa recommandation de surperformance et relève l'objectif de cours de 293 à 307 EUR.
  • Stellantis : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation accumuler avec un objectif de cours relevé de 19,80 à 21,70 EUR.
  • Swisscom : Goldman Sachs maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours réduit de 500 à 495 CHF.
  • TeamViewer : Goldman Sachs maintient sa recommandation d'achat et réduit l'objectif de cours de 24,50 à 23 EUR.
  • Unicredit : AlphaValue/Baader Europe passe d'accumuler à acheter avec un objectif de cours relevé de 27,60 EUR à 36,40 EUR.
  • Vodafone Group : BNP Paribas Exane maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 82 GBX à 80 GBX. JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours réduit de 92 à 89 GBX.
  • Wise : Liberum maintient sa recommandation de vente avec un objectif de cours relevé de 585 à 615 GBX.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • Alstom confirme ses objectifs annuels, lance un plan de réduction des coûts et va céder des actifs.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Renault à l'assaut des investisseurs pour vendre l'IPO d'Ampère.
  • Vinci enregistre une hausse des trafics autoroutiers et aériens en octobre.
  • Atos et Microsoft signent un accord de partenariat de trois ans pour le développement d'applications d'intelligence artificielle.
  • Valneva annoncé que son président, Frédéric Grimaud, ne fera pas partie du conseil d'administration qui sera constitué après l'assemblée générale extraordinaire prévue le 23 décembre prochain.
  • Cellectis signe l'accord d'investissement définitif avec AstraZeneca.
  • Kalray lance sa NG-Box, un système de stockage NVMe désagrégé.
  • CGG acquiert 8 000 km de données multi-clients au large de la Malaisie.
  • Bio-UV équipe la station d’épuration de Cannes.
  • Spineguard lance une augmentation de capital de 2 M€ à 0,20 EUR l'action.
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Coface, SII, Ober, Plastivaloire, Lexibook, Broadpeak, Phaxiam, Olympique Lyonnais, Actia, Geci

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Alcon publié des résultats en ligne avec les attentes au T3 et resserre ses prévisions dans le bas de la fourchette initiale.
  • Infineon annonce un chiffre d'affaires supérieur aux prévisions pour 2023.
  • Siemens Energy s'attend à une nouvelle perte de plusieurs milliards dans l'éolien.
  • SoftwareONE enregistre une hausse de son chiffre d'affaires au troisième trimestre, mais revoit à la baisse ses prévisions pour l'exercice.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Le gouvernement allemand accorde une garantie de 7,5 milliards d'euros à Siemens Energy.
  • The Body Shop racheté par l'allemand Aurelius pour 238 M€ à Natura.
  • Reckitt a annoncé que Chris Sinclair va quitter son poste de président après neuf ans, et que Jeremy Darroch lui succédera à l'issue de son assemblée générale annuelle en mai 2024.
  • Pfizer arrête certaines opérations au Royaume-Uni et supprime 500 emplois.
  • Charter Communications doit payer une pénalité de 25 millions de dollars pour des rachats d'actions non autorisés, selon la SEC.
  • Airbnb achète GamePlanner.AI pour accélérer les capacités d'intelligence artificielle.
  • Also s'empare de l'autrichien Target Holding.
  • Les principales publications du jour : Tencent, Palo Alto Networks, Infineon, Netease, Siemens Energy, Experian, NIBETout l’agenda ici.

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