PARIS, 10 septembre (Reuters) - Le régime syrien de Bachar al Assad est toujours solide et on risque d'ouvrir la porte aux islamistes si on arme les rebelles qui le combattent depuis plus d'un an et demi, estime Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre des Affaires étrangères russe, chargé du dossier.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé à Londres et proche des rebelles, environ 23.000 personnes sont mortes dans la révolte contre le président Bachar al Assad depuis mars 2011 et quelque 200.000 Syriens ont trouvé refuge en Turquie, Jordanie, Irak ou au Liban.

"Le régime est encore solide. Il jouit d'un soutien important de la population. Ce soutien n'est pas motivé par l'amour des Syriens envers Bachar el-Assad, mais plutôt par la crainte de ceux qui lui succéderaient", dit le ministre russe.

"Se pose alors la question à laquelle personne en Occident n'est capable de répondre. Quel pouvoir après Assad ? Et comment assurer la stabilité et la sécurité, y compris des minorités ? On ne peut pas prétendre régler le drame syrien simplement en donnant plus d'armes aux rebelles. Quelle Syrie comptez-vous faire émerger, en offrant des armes aux extrémistes islamistes?", ajoute-t-il.

Il voit un risque de "somalisation de la Syrie", une allusion au conflit qui a fait sombrer dans le chaos ce pays africain dans les années 1990.

"Il faut tout faire pour éviter cette désagrégation d'un Etat centralisé, et son éclatement entre communautés, qui se retrancheraient dans leurs bastions pour se défendre", dit-il.

Il propose donc aux Occidentaux l'organisation d'une 'conférence de Taëf' entre tous les acteurs du conflit, du type de celle qui a permis la fin de la guerre civile libanaise en 1990, dit-il. (Thierry Lévêque)