Après avoir signé sa seconde plus forte baisse de l'année, le Nasdaq américain, qui est à la fois le moteur et le baromètre de l'appétit des investisseurs pour le risque, a rebondi. Sa hausse de 0,7% a permis à l'indice généraliste S&P500 de reprendre 0,5%, pendant que le Dow Jones, à la composition plus vieillotte, se contentait de 0,2%. Les marchés actions occidentaux restent proches, mais en-dessous, de leurs récents sommets. En Europe, tout le monde est passé au vert hier. Le DAX allemand a traîné les pieds en ne progressant que de 0,1%, mais le CAC40 français (+0,3%), le FTSE britannique (+0,4%) et le SMI Suisse (+0,7%) ont davantage progressé. A Paris, le CAC40 se tape la tête au plafond depuis deux semaines maintenant, sans parvenir à toucher le cap des 8000 points pour la première fois de son histoire. Cela fait plusieurs séances que l'indice est à moins de 0,5% de ce pic. Cet espèce de parcours latéral démarré le 23 février doit probablement porter un nom en analyse technique. Je laisse le soin à mes collègues versés dans cet art nébuleux de m'éclairer quand ils seront levés.

Sur les marchés actions, les investisseurs ont presque l'air surpris que tout continue à monter (si l'on fait abstraction de la petite stagnation actuelle, bien sûr). Cet environnement mollement favorable s'explique par le goût des financiers pour les situations relativement prévisibles, qui sont peu susceptibles de bouleverser le scénario "Boucle d'or" de la Fed. Je vous rafraîchis la mémoire pour que l'analogie ne soit pas trop énigmatique. Dans le conte "Boucle d'or et les Trois Ours", la petite fille entre dans la maison des ours et tombe sur trois bols (de porridge, de gruau, de chocolat ou de tout autre mélange, selon les versions). L'un est trop chaud, le second trop froid, et le dernier juste parfait. La Fed cherche le bol juste parfait. Pas une économie en surchauffe ni une économie déprimée. La banque centrale manœuvre donc pour rester proche de la bonne température. La situation idéale, c'est quand les investisseurs sont relativement en phase avec les efforts de la Fed pour garder le bol à la bonne température. C'est ce qui se passe actuellement. Tant que cet équilibre tient, le contrat est rempli et l'environnement est relativement bénin, en dépit des petites chicanes et divergences entre les banquiers centraux et les marchés.

Hier, Jerome Powell, qui était auditionné par les parlementaires américains dans le cadre d'un bilan semestriel, a conforté le scénario "Boucle d'or". Il n'a pas provoqué de surchauffe ni de déconvenue. Son discours était tiède et conforme à ce qui était prévu. Powell a servi quelque chose comme "les taux américains vont probablement baisser cette année, mais je ne donnerai pas de calendrier précis parce qu'on doit encore surveiller un peu l'inflation, mais l'économie se comporte bien". Il n'a pas commenté les données les plus récentes, mais tout concourt pour l'heure à la confirmation des anticipations les plus consensuelles.

On s'envole ensuite vers la Chine où les indices baissent en dépit de l'annonce de chiffres d'import et d'export assez nettement supérieurs aux attentes sur la période janvier/février. A priori, c'est le signe d'une demande intérieure et extérieure qui se redresse. Et à priori, ça fait partie des signaux qu'attendent les économistes pour décréter que le pays est en train de sortir de sa torpeur. Mais ça n'a pas provoqué d'engouement du côté des actions. Mon explication, fondée sur la formation de psychologue des marchés que j'ai obtenue en écumant les comptoirs de bistrots depuis trois décennies, est que les investisseurs auraient préféré des statistiques toutes pourries. Pourquoi ? Parce que ça aurait entretenu le mythe selon lequel Pékin allait sortir la grosse Bertha de la relance. Alors que la Chine utilise surtout des pistolets à bouchon depuis des années, ce qui navre les financiers. Eh bien figurez-vous que ma formation m'a été bien utile parce que les commentaires d'analystes que j'ai pu lire ce matin dans la presse anglo-saxonne évoquent tous le fait que le redressement de l'import-export réduit l'éventualité d'un plan de relance massif, et que du coup ça fait baisser la bourse chinoise. Et toc !

En attendant la publication demain des chiffres de l'emploi en février aux Etats-Unis, les marchés vont se focaliser ce jeudi sur la décision de politique monétaire de la BCE, annoncée à 14h15, avec conférence de présentation à 14h45. Christine Lagarde et son équipe devraient passer leur tour sur les taux pour cette fois, en laissant l'espoir d'un assouplissement en juin ou en juillet. Si bien sûr les banquiers centraux des pays besogneux et tristes du nord de l'Europe parviennent à se mettre d'accord avec ceux des pays joyeux peuplés de fainéants du sud de l'Europe. Dans l'après-midi, Jerome Powell aura un second round d'audition au Congrès des Etats-Unis, mais il est probable qu'il ne dira pas le contraire de ce qui a été annoncé la veille.

On a encore droit à une bonne série de résultats d'entreprises aujourd'hui en Europe, en particulier en France et en Allemagne, histoire de meubler la matinée avant l'arrivée des banquiers centraux.

En Asie Pacifique, le Japon a perdu 1,2% en clôture à cause de la remontée du yen, alimentée par la spéculation sur un relèvement de taux lors de la réunion de la BoJ prévue un peu plus tard dans le mois. La Chine perd 0,5% du côté de Shanghai et 1% à Hong Kong, pour les raisons précitées. En revanche, la Corée du Sud, l'Inde et l'Australie sont en hausse modérée. Les indicateurs avancés européens évoluent autour de l'équilibre.

Le CAC40 démarre la séance en baisse de 0,3% à 7924 points. Le SMI recule de 0,5% à 11 479 points. Le Bel20 perd 0,4% à 3679 points.

Les temps forts économiques du jour

La journée débute avec les commandes d'usines en Allemagne (8h00), qui précéderont la décision de la BCE sur ses taux (14h15) et la conférence de présentation de cette décision (14h45). Aux Etats-Unis, les chiffres des licenciements selon Challenger (13h30), les nouvelles demandes d'allocations de chômage, la productivité hors agriculture et le coût unitaire de la main d'oeuvre sont attendus à 14h30. Tout l'agenda ici.

L'euro grimpe à 1,09 USD. L'once d'or progresse à 2158 USD. Le pétrole varie peu, avec un Brent de Mer du Nord à 82,62 USD le baril et un brut léger américain WTI à 78,64 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans ressort à 4,12%. Le bitcoin s'échange à 65 951 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Acea : Mediobanca passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 18,50 EUR à 20 EUR.
  • Adyen : BNP Paribas Exane passe de neutre à surperformance avec un objectif de cours relevé de 1420 à 1840 EUR.
  • Air Liquide : Landesbank Baden-Wuerttemberg maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 175 à 205 EUR.
  • Anglo American : Morgan Stanley améliore sa recommandation de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours de 2080 GBX.
  • Bayer : Bernstein passe de surperformance à performance de marché avec un objectif de cours réduit de 50 EUR à 27 EUR.
  • Dassault Aviation : Société Générale maintient sa recommandation d'achat et relève l'objectif de cours de 211 à 227 EUR.
  • Deezer : Société Générale maintient sa recommandation de conserver et réduit l'objectif de cours de 2,90 à 2,50 EUR.
  • Domino's Pizza : Peel Hunt passe d'accumuler à acheter avec un objectif de cours de 425 GBX.
  • EDP Renováveis : Bestinver Securities passe de conserver à acheter avec un objectif de cours réduit de 19,75 EUR à 16,90 EUR.
  • Eiffage : JP Morgan maintient sa recommandation de surpondérer avec un objectif de cours relevé de 116 à 120 EUR.
  • Exclusive Networks : JP Morgan maintient sa recommandation neutre avec un objectif de cours relevé de 23 à 24 EUR.
  • Getlink : Societe Generale maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours relevé de 16,50 à 17,10 EUR.
  • Iberdrola : Morgan Stanley passe de pondération de marché à surpondérer avec un objectif de cours de 13 EUR.
  • Intrum : Arctic Securities passe de conserver à vendre avec un objectif de cours réduit de 70 SEK à 8 SEK.
  • Moncler : Bernstein passe de surperformance à performance de marché avec un objectif de cours relevé de 60 EUR à 70 EUR.
  • Nordnet : SEB Bank passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours de 198 SEK.
  • Pirelli : BNP Paribas Exane dégrade sa recommandation de surperformance à neutre avec un objectif de cours de 6 EUR.
  • Scor : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 30,50 à 30 EUR. RBC Capital maintient sa recommandation de surperformance avec un objectif de cours relevé de 33 à 39 EUR.
  • SIG Group : Barclays améliore sa recommandation de souspondérer à pondération de marché avec un objectif de cours de 18 CHF.
  • Stora Enso Oyj : Barclays démarre le suivi à souspondérer avec un objectif de cours de 10 EUR.
  • Technip Energies : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 26 à 25 EUR.
  • Tikehau Capital : Societe Generale maintient sa recommandation de conserver avec un objectif de cours réduit de 25 à 23,50 EUR.
  • UCB : HSBC maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 97 à 125 EUR.
  • Unicaja Banco : Jefferies passe d'acheter à conserver avec un objectif de cours réduit de 1,75 à 1,10 EUR.
  • Valeo : AlphaValue/Baader Europe maintient sa recommandation d'achat avec un objectif de cours relevé de 21,60 à 22,90 EUR.

En France

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres)

  • CGG publie des résultats en baisse en 2023 mais reste confiant dans son désendettement.
  • Elis prévoit une marge stable cette année, ainsi qu'une légère croissance des ventes.
  • Eurazeo affiche un résultat net consolidé en 2023 de 1,85 Md€ et confirme ses perspectives. Le dividende est en hausse de 10% à 2,42 EUR.
  • JCDecaux prévoit 9% de croissance organique au T1 mais ne versera pas de dividende pour préserver sa flexibilité financière.
  • Spie relève sa prévision de marge pour 2025 après avoir atteint sa cible en 2023.
  • Teleperformance se montre prudent pour 2024 après un repli de son bénéfice.

Annonces importantes (et moins importantes)

Dans le vaste monde

Résultats des entreprises (les commentaires sont donnés à chaud et ne préjugent pas de l'évolution des titres, sauf pour les échanges post-séance aux Etats-Unis, qui reflètent normalement bien la tendance)

  • Aviva affiche une hausse de 9% de son bénéfice pour 2023 et propose de racheter des actions.
  • Brenntag manque les prévisions en 2.023.
  • Brown-Forman a perdu 7% hier après avoir réduit ses prévisions de ventes annuelles.
  • Continental annonce un résultat d'exploitation annuel inférieur aux attentes en raison d'un marché difficile.
  • Darktrace revoit à la hausse ses prévisions de chiffre d'affaires et de marge pour l'ensemble de l'année.
  • Hugo Boss prévoit un bénéfice d'exploitation pour 2024 inférieur aux attentes du marché.
  • Lufthansa réduit son objectif de marge opérationnelle pour 2024 à 7,6% en raison de la hausse des coûts.
  • Merck KGaA prévoit un retour à la croissance organique des bénéfices en 2024.
  • Nexi clôture 2023 sur une perte liée à une dépréciation de 1,3 Md€ et annonce 500 M€ de rachats d'actions.
  • PageGroup enregistre une baisse de son bénéfice annuel en raison de la morosité du marché de l'emploi.
  • Telecom Italia divise sa perte nette par deux en 2023, à 1,44 Md€. L'opérateur reconduit sont CEO.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • New York Community Bancorp lève 1 Md$ et nomme Joseph Otting comme CEO. L'action a repris 7,5% hier après l'annonce.
  • KKR négocie le rachat d'Encavis, un montant de l'ordre de 2 Mds€ évoqué.
  • Generali prêt à investir plus de 10 Mds€ dans des acquisitions.
  • Meta rappelé à l'ordre par une coalition de 41 procureurs américains.
  • Apple résilie le compte développeur d'Epic Games, le créateur de Fortnite.
  • Novo Nordisk présentera les résultats d'essais préliminaires pour un nouveau médicament contre le diabète lors d'une réunion avec les investisseurs.
  • UBS abandonne le plan de Credit Suisse pour éliminer progressivement le financement du charbon, selon Bloomberg.
  • WuXi AppTec chute de 15% après que la commission de la sécurité intérieure du Sénat américain a voté en faveur d'un projet de loi qui pourrait restreindre le commerce avec les entreprises chinoises de biotechnologie.
  • Rieter remporte une commande en Chine.
  • Vetropack envisage la fermeture de son site de St-Prex
  • Les principales publications du jour : Costco Wholesale, Oracle, Kroger, MongoDB, Merck KGaA, Continental, Aviva, Brenntag, Rentokil, Vivendi, LufthansaTout l’agenda ici.

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