Allez zou, comme dirait ma mamie, c'est l'heure du bilan semestriel. Une denrée plutôt rare puisqu'on en compterait seulement deux par an sur les derniers millénaires, selon mes travaux personnels. Tout à leur servilité, Les statisticiens sont d'accord. Les complotistes pensent que ce chiffre est largement sous-évalué. Quant aux coupeurs de cheveux en quatre, qui outragent les mouches à l'occasion, ils soulignent que c'est plutôt une fois par an, vu que l'autre, c'est un bilan annuel. Donc, au premier semestre 2023, les marchés actions se sont redressés d'une façon bien plus spectaculaire que prévu, après une année 2022 de nette contraction, marquée par l'éclatement de la bulle spéculative des valeurs technologiques biberonnées à l'argent gratuit.

Pour illustrer cette progression, je vais distribuer des récompenses :

  • Le prix de l'avidité revient au Nasdaq 100, qui réalise son meilleur premier semestre de tous les temps avec un gain de 38,75%. C'est l'indice américain par excellence : quand il se prend le plafond, il essaie de rebondir jusqu'à se reprendre le plafond. Comme le plafond est de plus en plus haut, ça ne fonctionne pas trop mal.
  • Le prix de l'indice qui bat le Nasdaq 100 est attribué au Merval argentin (+110%). Le problème, c'est que l'inflation a atteint en moyenne 105% sur les cinq premiers mois de l'année dans le pays, contre environ 5,5% aux Etats-Unis.
  • Le prix du meilleur indice européen échoit à l'ATHEX grec (+36,7%), dopé par son large contingent de valeurs financières sensibles aux hausses de taux, à défaut de technologiques.
  • Le prix du meilleur indice asiatique revient au Nikkei 225 japonais (+27,2%). Contrairement aux pronostics, c'est le Japon qui s'est réveillé et pas la Chine. Dans l'Archipel, le loyer de l'argent est toujours au plancher, puisque la banque centrale reste à contrecourant de ses homologues occidentales.
  • Les prix des derniers de la classe vont à la Finlande (-8,4%), la Chine (-6,5%), la Belgique (-4,3%) et aux valeurs moyennes britanniques (-2,3% pour le FTSE Mid 250).

Le S&P500 américain, lui, n'a pas brillé comme le Nasdaq mais affiche malgré tout son meilleur premier semestre depuis 2019, avec un gain de 15,9% à 4450 points. Le hic, c'est qu'il est trop haut par rapport à ce que prévoyaient les stratégistes. Comme je suis un peu vilain, je suis allé chercher le tableau récapitulatif des prévisions formulées par les grandes banques à la fin du mois de novembre 2022, et c'est pas joli-joli. En moyenne, elles voyaient le S&P500 autour de 4200 points au 31 décembre 2023. Nous sommes actuellement 5,6% plus haut. Si l'intelligence collective a raison, la seconde moitié de l'année risque d'être nettement moins lucrative que la première. Reste à savoir si ça veut dire quelque chose (j'ai une idée de la réponse, mais je vais la taire par décence). Pour enfoncer le clou, je vais quand même détailler un peu le scénario proposé fin 2022 par la Deutsche Bank, qui est capable de dire des trucs censés depuis qu'elle a été remplacée par le Crédit Suisse au panthéon des opérations foireuses. La banque allemande prévoyait un S&P500 à 4500 points fin 2023. Mais c'est là que ça devient intéressant. Le stratège Bankim Chadha tablait sur l'atteinte des 4500 points dès le premier semestre, ce qui est à peu près le cas, avant un troisième trimestre marqué par une baisse de plus de 25%, et un rebond de fin d'année pour revenir à 4500 points. Si ce scénario se vérifie, je promets d'arrêter mes sarcasmes sur la Deutsche Bank pendant deux mois. Si ce scénario se vérifie, l'été s'annonce meurtrier sur le papier.

L'Asie-Pacifique n'a pas l'air d'y souscrire. La première séance du semestre démarre en hausse. Les progressions dépassent 1% au Japon, en Chine et en Corée. Elle est un peu moins en Inde et en Australie. L'agenda macroéconomique comprend quelques lignes importantes cette semaine. Publié ce matin, l'indice PMI manufacturier chinois Caixin est moins dégradé que prévu en juin, ce qui a contribué à renforcer les gains du jour en Asie. Demain, Wall Street sera fermée pour la fête nationale, pendant que la banque centrale australienne se prononcera sur ses taux directeurs. La grosse statistique de la semaine est pour vendredi avec les chiffres de l'emploi en juin aux Etats-Unis. La semaine devrait démarrer en hausse en Europe, avec des indicateurs avancés qui regardent vers le nord-est. Le CAC40 démarre la séance en hausse de 0,2% à 7420 points.

Les temps forts économiques du jour

Les versions affinées des PMI manufacturiers de juin seront publiées tout au long de la journée, notamment à 10h00 en zone euro et à 15h45 aux Etats-Unis, où l'alter-ego ISM manufacturier suivra à 16h00. Tout l'agenda ici.

L'euro se négocie 1,0908 USD. L'once d'or est stable à 1916 USD. Le pétrole remonte, avec un Brent de Mer du Nord à 75,36 USD le baril et un brut léger américain WTI à 70,68 USD. Le rendement de la dette américaine sur 10 ans atteint 3,84%. Le bitcoin reste au contact de 30 800 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • ABB : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours relevé de 28 à 31 CHF.
  • ArcelorMittal : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 35 à 34 EUR.
  • Cewe : Baader Helvea passe d'accumuler à acheter en visant 116 EUR.
  • Clariant : Goldman Sachs reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 16,50 à 15,50 CHF.
  • Compagnie des Alpes : Stifel démarre le suivi à l'achat en visant 25 EUR.
  • Compagnie Financière Richemont : Credit Suisse reste neutre avec un objectif de cours relevé de 110 à 145 CHF.
  • Engie : AlphaValue reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 19,10 à 22,30 EUR.
  • EQT : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 205,70 à 182,10 SEK.
  • Hennes & Mauritz : Kepler Cheuvreux reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 160 à 210 SEK.
  • Hermès : Credit Suisse reste neutre avec un objectif de cours relevé de 1230 à 1815 EUR.
  • JD Sports Fashion : RBC reste à surperformance avec un objectif de réduit de 200 à 185 GBp.
  • Just Eat Takeaway : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours relevé de 1330 à 1359 GBp.
  • Knorr-Bremse : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 71 à 77 EUR.
  • NatWest : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 420 à 380 GBp.
  • OCI : HSBC reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 42,30 à 36,60 EUR.
  • Partners Group : J.P. Morgan reste neutre avec un objectif de cours réduit de 848 à 793,10 CHF.
  • Prosus : Avior Capital Markets reste à l'achat avec un objectif de cours réduit de 100 à 99 EUR.
  • Umicore : Goldman Sachs reste neutre avec un objectif de cours réduit de 41 à 38 EUR.
  • Sanoma : Kepler Cheuvreux reprend le suivi à conserver en visant 7,30 EUR.
  • Schneider : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours relevé de 185 à 195 EUR.
  • Sodexo : Deutsche Bank reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 113 à 115 EUR.
  • Solvay : AlphaValue resta accumulée avec un objectif de cours réduit de 116 à 112 EUR.
  • Swatch Group : Credit Suisse reste à sousperformance avec un objectif de cours relevé de 180 à 200 CHF.
  • Vestas : J.P. Morgan reste à souspondérer avec un objectif de cours réduit de 156 à 126 DKK.
  • Yara : Arctic Securities passe de conserver à acheter en visant 440 NOK.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Les immatriculations de voitures neuves en hausse de 11,5% en juin, selon la PFA.
  • L'ONG Global Witness déplore que les entreprises française TotalEnergies et britannique Shell commercialisent du gaz russe, ce qui n'est pas illégal puisque l'UE n'a pas interdit son utilisation.
  • Saint-Gobain cède son activité de transformation de verre au Portugal.
  • CACEIS (Crédit Agricole) Royal Bank of Canada finalisent l'acquisition des activités de RBC Investor Services en Europe et en Malaisie.
  • Kering Eyewear a finalisé l'acquisition de la société UNT.
  • Technip Energies acquiert la société de recherche et développement Processium.
  • Atos entre en négociations exclusives pour la vente de EcoAct (70 M€ de CA) à Schneider.
  • Eramet boucle la cession d'Erasteel, qui marque la fin du recentrage sur les activités minières et métallurgiques.
  • SES-Imagotag signe un contrat avec l'une des plus grandes chaînes de magasins de proximité aux Etats-Unis.
  • Deux anciens dirigeants d'Orpea ont été placés en détention provisoire.
  • Casino signale qu'une partie de ses créanciers high-yield a refusé le moratoire pendant la période de conciliation, ce qui force le distributeur à solliciter du tribunal un délai de grâce (les détails ici). Par ailleurs, le groupe signe un accord dans produits frais avec Prosol.
  • Sercel (CGG) signe un contrat au Moyen-Orient.
  • Sidetrade fait l'acquisition des activités de CreditPoint Software aux Etats-Unis.
  • Wallix finalise son émission obligataire convertible.
  • Le directeur général adjoint de Bastide démissionne pour raisons personnelles.
  • Vergnet signe deux projets à Wallis et Futuna.
  • Claranova relance son processus d'augmentation de capital avec une nouvelle offre, après une ordonnance du tribunal rétractant l'ordonnance de suspension initiale (pour les détails, c'est là).
  • Elles ont publié / Elles doivent publier : Cafom, EO2, Cybergun, Televerbier

Dans le monde

Annonces importantes (et moins importantes)

  • La capitalisation d'Apple passe le cap de 3000 Mds$. Par ailleurs, le groupe réduit ses objectifs de production de son casque Vision Pro selon le FT.
  • Morgan Stanley, Goldman Sachs, JPMorgan ou Wells Fargo vont augmenter leurs dividendes.
  • Tesla a livré 466 000 véhicules au T2, davantage que prévu.
  • Des fonds d'investissement lorgnent une participation majoritaire dans Worldpay auprès de FIS.
  • La justice suisse pourrait ouvrir une enquête sur l'ancien CEO du Credit Suisse, selon Blick. Par ailleurs, UBS résisterait à la tentation d'introduire en bourse l'unité domestique de Credit Suisse, selon Schweiz am Wochenende.
  • Nokia et Apple signent un accord de licence de brevet à long terme.
  • Israël achète 25 nouveaux avions de combat américains F-35 à Raytheon.
  • Tesco met en place une réduction de prix de 13% sur les produits de première nécessité. Par ailleurs, Tesco nomme à sa présidence Gerry Murphy, président de Tate & Lyle et de Burberry.
  • Allianz, Generali et d'autres assureurs et banques s'entendent pour sauver Eurovita, un assureur italien en difficulté.
  • Bausch + Lomb rachète le collyre Xiidra et d'autres actifs ophtalmologiques de Novartis pour un montant pouvant atteindre 2,5 Mds$.
  • Vestas remporte une commande de 423 MW aux États-Unis.
  • Dufry détient plus de 95% d'Autogrill et peut lancer le retrait de la cote.
  • L'Australien United Malt accepte l'offre de rachat de Malteries Soufflet (InVivo).
  • Dormakaba lance un gros programme de restructuration.
  • Alessandro Corsi démissionne de son poste de directeur financier de Salvatore Ferragamo.
  • Edouard Janssen est nommé directeur financier de D'Ieteren.
  • Iveco acquiert le contrôle total de Nikola Iveco Europe.
  • SFS acquiert l'activité fixations de l'américain CSS.
  • Munters reçoit une commande de 88 M$ pour un centre de données de colocation.
  • Les principales publications du jour : ArganTout l'agenda ici.

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