Zurich (awp) - Le tourisme en Suisse devrait connaître une embellie cet été, après une période hivernale 2015/16 grevée par le franc fort, l'absence de neige et un contexte politique global morose, a annoncé mardi le Centre d'études conjoncturelles (KOF) de l'EPF Zurich. Le secteur devrait ensuite se rétablir progressivement grâce à une amélioration de la conjoncture internationale, même si des risques persistent notamment avec un éventuel Brexit et un ralentissement dans les pays émergents.

Dans ses dernières projections, les économistes du KOF s'attendent à une progression des nuitées hôtelières de 1,4% pendant l'été, après un recul de 1,6% lors de la dernière saison hivernale.

Les touristes étrangers, qui avaient délaissé les Alpes suisses lors de la dernière saison hivernale, devraient effectuer leur retour dans la Confédération, mais les résidents helvétiques devraient également participer à l'embellie. Alors que la fréquentation étrangère avait diminué de 3,6% aux sports d'hiver 2015/2016, elle devrait progresser de 1,5% cet été. Celle indigène devrait passer de +0,5% à +1,3%.

"L'Europe a traversé une phase difficile avec la crise économique dans la zone euro", a rappelé Jan-Egbert Sturm, directeur du KOF, lors d'une conférence de presse. La conjoncture sur le Vieux Continent devrait s'améliorer et les taux de change rester stable, mais l'Europe n'est pas exempte de risques.

Selon M. Sturm, la réintroduction de contrôles aux frontières dans la zone Schengen pourrait freiner la fréquentation touristique en Suisse. Les incertitudes quant à une possible sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne pourraient quant à elles de nouveau raffermir le franc face à l'euro et à la livre britannique.

Dans l'immédiat, les économistes de l'EPFZ tablent sur un franc à 1,10 EUR/CHF pour les mois à venir, soit son niveau actuel.

Des difficultés pourraient également venir des pays émergents, notamment la Chine, où les spécialistes du KOF n'excluent pas un ralentissement plus marqué que prévu. Il faut donc s'attendre à un ralentissement des nuitées de clients chinois.

VILLES SUISSES PLEBISCITÉES

"Nous avons clairement perdu des parts de marché", notamment face à l'Autriche et l'Allemagne, a concédé l'économiste, mais les perspectives pour les prochains mois "sont moins négatives que par le passé", a-t-il nuancé.

Les acteurs suisses du tourisme, qui représente 2,5% du PIB helvétique, ont aussi laissé des plumes au niveau de la compétitivité et ont dû compenser par une baisse des coûts. "La traversée du désert va durer quelques années" avant que le secteur ne rétablisse ses marges, a estimé M. Sturm.

La tendance haussière semble néanmoins amorcée, selon les projections du KOF. L'institut table sur une progression des nuitées de 1,6% l'hiver 2016/2017, puis sur une accélération de 2,1% l'été 2017 et de 2,3% l'hiver 2017/2018, avant une stabilisation à +1,9% l'été 2018.

Par origine, les touristes américains devraient continuer à afficher une solide progression les prochaines saisons, tandis que les visiteurs français vont marquer leur retour, tout comme les italiens. Les Allemands devraient cependant refluer jusqu'à l'été 2017 avant d'afficher de faibles progressions les saisons suivantes.

Les habitudes des touristes suisses sont également en train d'évoluer, a constaté le KOF. Les résidents helvétiques effectuent ainsi en moyenne dix excursions journalières par an, en grande partie (90%) dans à l'intérieur des frontières. Dans ce contexte, les régions urbaines ont gagné en intérêt au détriment des traditionnelles excursions dans les montagnes.

buc/al