La Banque populaire de Chine (BPC) a surpris les marchés financiers le 11 août en annonçant une dévaluation de près de 2% du yuan, une décision qui a ravivé les craintes d'une "guerre des monnaies" à l'échelle mondiale.

Pékin tente depuis de rassurer les investisseurs en répétant qu'il n'y a pas de raison que le yuan se déprécie davantage mais de nombreux cambistes jugent que le ralentissement de la deuxième économie mondiale plaide au contraire pour une poursuite du mouvement.

L'enquête menée auprès de 30 responsables de stratégie de change montre que le yuan (également appelé renminbi) devrait se déprécier de 2% supplémentaires d'ici six mois. Il devrait ainsi revenir à 6,50 pour un dollar d'ici fin novembre et 6,52 d'ici fin février avant de remonter à 6,46 dans un an, selon leurs projections.

Ces dernières ont été revues en baisse par rapport à l'enquête similaire menée le mois dernier, et elles intègrent l'hypothèse d'une poursuite de l'assouplissement de la politique monétaire de la BPC, qui a déjà réduit ses taux à cinq reprises depuis novembre 2014.

"Une libéralisation accrue de la monnaie est absolument nécessaire et nous pensons que, dans les circonstances économiques actuelles et maintenant que la monnaie a une plus grande marge de manoeuvre pour flotter, pour l'instant, elle va rester orientée à la baisse", explique Martin Güth, responsable de la stratégie de LBBW.

"Comparé à d'autres monnaies asiatiques, le renminbi était vraiment fort. De ce fait, au vu des difficultés économiques, nous jugeons nécessaire une dépréciation accrue de la monnaie pour regagner de la compétitivité."

Certains analystes voient même le yuan tomber à 6,80 pour un dollar d'ici à un an, contre environ 6,35 vendredi.

La BPC a présenté la décision du 11 août comme une étape de sa politique de libéralisation des changes mais la plupart des observateurs y ont vu d'abord et avant tout le reflet de l'inquiétude des autorités chinoises face à la baisse des exportations et au ralentissement général de l'économie.

(Sumanta Dey et Shaloo Shrivastava; Marc Angrand pour le service français)