Les créations d'emploi hors agriculture n'ont atteint que 142.000 en septembre, alors que les économistes interrogés par Reuters en attendaient en moyenne 203.000. Les chiffres de juillet et d'août ont été révisés en baisse et font ressortir 59.000 créations de moins qu'estimé auparavant.

Le chiffre cumulé des deux derniers mois est le plus faible enregistré depuis plus d'un an et il pourrait conforter le scénario d'une décélération de la croissance américaine, en raison notamment des doutes sur la santé de l'économie chinoise.

Le secteur manufacturier américain a ainsi supprimé 9.000 postes en septembre après 18.000 en août. Celui des mines et de l'énergie, qui souffre de la chute des cours de nombreuses matières premières, en a perdu 10.000, septembre marquant son neuvième mois consécutif de baisse des effectifs.

"L'économie n'est pas aussi protégée que certains voulaient bien le croire", résume Brian Jacobsen, responsable de la stratégie d'investissement de Wells Fargo Funds Management.

Le taux de chômage, calculé sur la base d'une enquête distincte de celle servant à mesurer les créations de postes, est resté inchangé en septembre à 5,1%, comme attendu. La même enquête montre que 350.000 personnes sont sorties de la population active le mois dernier.

DES ARGUMENTS EN MOINS POUR UNE HAUSSE DES TAUX

Le taux de participation à la population active, qui mesure la proportion de personnes en âge de travailler qui occupent ou recherchent activement un emploi, est ainsi tombé à 62,4%, son plus bas niveau depuis 1977.

Le salaire horaire moyen a lui baissé d'un cent à 25,09 dollars et sa hausse sur un an est ramenée à 2,2%, un niveau qui traduit des pressions inflationnistes faibles.

La présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, a déclaré la semaine dernière que la banque centrale devrait probablement relever ses taux d'intérêt avant la fin de l'année pour prévenir une surchauffe de l'économie. Mais les dernières statistiques remettent en cause ce scénario, y compris l'hypothèse d'un geste lors de la toute dernière réunion de politique monétaire de l'année, mi-décembre.

"(Avec) un rapport faible et les autres signes de faiblesse observés partout dans le monde, la probabilité pour décembre est balayée", estime Tom Porcelli, économiste de RBC Capital Markets.

Sur le marché monétaire, les contrats à terme sur les taux d'intérêt montraient vendredi que les intervenants privilégiaient désormais l'hypothèse d'un premier relèvement des taux en janvier, voire en mars de l'an prochain.

Conséquence de l'éloignement de cette perspective: les rendements des bons du Trésor reculaient après les statistiques de l'emploi et le dollar cédait du terrain face aux autres grandes devises. A Wall Street, les principaux indices perdaient quasiment 1,5% en début de séance.

(avec Rodrigo Campos et Karen Bretell à New York; Marc Angrand pour le service français, édité par Bertrand Boucey)

par Jason Lange