par Matt Siegel

SYDNEY, 2 juillet (Reuters) - Les Australiens sont appelés aux urnes ce samedi pour des élections anticipées convoquées par le Premier ministre Malcolm Turnbull, et ce dernier a prévenu que s'il ne remporte pas la majorité nécessaire pour mener des réformes, le pays sera menacé d'un chaos économique.

Le chef de la coalition conservatrice a déclenché l'élection en mai après avoir dissous les deux chambres du Parlement, fustigeant l'intransigeance des sénateurs indépendants qui bloquaient son programme de réformes.

Vendredi, les derniers sondages laissent entrevoir que les Australiens pourraient élire une Chambre haute encore moins acquise à sa cause.

Le dernier sondage des publications News Corp Australia donne à la coalition sortante une courte avance. Interrogés sur l'alternative conservateurs/travailliste (gauche), les sondés choisissent à 50,5% la coalition sortante, contre 49,5% pour le Labour.

Le Premier ministre a expliqué vendredi que les petits partis, susceptibles de former une coalition avec les travaillistes, n'étaient pas à même de gérer une économie affectée par le premier ralentissement du secteur minier en des décennies, et d'assainir des finances publiques déficitaires depuis des années.

Il juge en outre que l'incertitude créée par la victoire du Brexit au référendum du 23 juin au Royaume-Uni, est une autre raison pour choisir un gouvernement stable.

"L'alternative, c'est le chaos, l'incertitude, des dysfonctionnements, des déficits plus élevés, une dette plus élevée, des taxes plus élevées, moins d'investissement, moins d'emplois", a-t-il énuméré à la chaîne de télévision Channel 7.

Sa coalition devra faire face à une forte opposition du Labour, des indépendants et des petits partis comme les Verts, qui pourraient ensemble remporter suffisamment de sièges pour assurer l'alternance au Sénat, ou rendre le gouvernement minoritaire à la Chambre des représentants.

PERCÉE CENTRISTE ?

Le chef du Labour Bill Shorten a fait campagne vendredi dans la banlieue ouest de Sydney, zone clé de l'élection où les résidents pourraient faire pencher la balance vers un camp ou l'autre. Shorten a axé son programme sur des politiques d'éducation et de santé.

"Les coupes (budgétaires) sont sévères et elles sont réelles", a-t-il dit à des journalistes samedi matin, en référence à la politique de santé des conservateurs.

Le sénateur centriste de l'Australie du Sud, l'indépendant Nick Xenophon, est susceptible de sortir renforcé du scrutin, ainsi que ses 50 candidats.

"C'est dans l'intérêt national (...) de gérer les problèmes du secteur manufacturier", a-t-il dit à des journalistes dans sa circonscription, l'une des plus faibles du pays économiquement.

"Nous seront confrontés à tsunami de destruction d'emplois d'ici la fin de l'année prochaine, quand l'industrie automobile fermera dans notre pays", a-t-il dit.

Les partis d'extrême-droite, et notamment le rassemblement One Nation de Pauline Hanson, ont fait campagne contre l'immigration, et contre les musulmans. Hanson pourrait emporter un siège au Sénat.

Malcolm Turnbull avait ravi en septembre les commandes du Parti libéral à Tony Abbott à l'issue d'un vote interne, et par là-même celles du gouvernement. L'Australie en est à son cinquième Premier ministre en huit ans et compte trois limogeages de chefs de gouvernement depuis 2010.

Les bureaux de vote ont ouvert samedi à 08h00 et fermeront à 18h00 heure locale. Les premiers résultats des bureaux de vote de l'est du pays sont attendus dès 19h00 (09h00 GMT) et l'issue du scrutin pourrait être connue au plus tôt entre 20h00 et 21h00. (Julie Carriat pour le service français, édité par Henri-Pierre André)