Francfort (awp/afp) - Ebranlées par le choix inattendu du Royaume-Uni de sortir de l'Union européenne, les principales Bourses européennes tenteront la semaine prochaine de panser les plaies de ce vendredi noir en y voyant plus clair sur les conséquences du Brexit.

Jusqu'à jeudi encore elles grimpaient fortement, sûres du maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, mais les Britanniques en ont décidé autrement et la chute n'en a été que plus rude pour les principales Bourses européennes vendredi. Effaçant d'un trait tous ses gains de la semaine, Francfort a ainsi lâché 6,82%, sa pire séance depuis la crise de 2008, Paris 8,04%, Madrid 12,35%, Milan 12,48%.

Dans ce paysage, Londres s'en sort moins mal qu'attendu, avec une baisse du FTSE-100 limitée à 3,15%. L'indice a même gagné 1,95% sur la semaine.

Outre quelques indicateurs comme l'inflation et le chômage en Allemagne, la confiance économique et le chômage en zone euro ou encore l'inflation en France, c'est encore le Brexit qui sera sur les lèvres de tous les investisseurs la semaine prochaine.

"Après cette onde de choc, les investisseurs surveilleront tout particulièrement comment vont réagir la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne", prévoit Alexandre Baradez, un analyste de IG France.

Hasard du calendrier, plusieurs membres du directoire de la BCE seront rassemblés de lundi à mercredi, autour de son président Mario Draghi pour le forum de réflexion annuel de l'institution monétaire de Francfort, organisé pour la 3e année consécutive à Sintra, près de Lisbonne. Cette année la présidente de la Fed, Janet Yellen, se joindra à eux.

Les principales banques centrales, BCE, Banque du Japon, Banque d'Angleterre, Fed, se sont déjà dites prêtes à apporter des liquidités, dans leur propre devise, mais aussi dans des devises étrangères, pour tenter de calmer les marchés. Principale concernée, la BoE a déjà chiffré à 250 milliards de livres (326 milliards d'euros) les fonds prêts à être débloqués pour soutenir la livre britannique, dont la chute soudaine entame le pouvoir d'achat des Britanniques.

La Banque de Suisse est elle déjà intervenu directement sur le marché pour stabiliser le franc suisse.

- Volatilité -

Alors que les dirigeants européens vont se retrouver pour un sommet mardi et mercredi à Bruxelles, "les évolutions politiques autour du renforcement ou de l'affaiblissement de l'intégration européenne seront aussi un gros thème", anticipe Alexandre Baradez.

Mais le tableau mettra du temps à gagner en netteté et d'ici là, "la volatilité sera au rendez-vous" et tous les autres dossiers n'auront "pas de grande importance", poursuit l'analyste d'IG France. D'autant que les indicateurs à l'agenda la semaine prochaine n'ont par essence pas intégré le Brexit, et donc leur lecture sera en partie faussée.

Ce sera surtout cette volatilité et ses éventuels revirements erratiques des marchés, tant boursiers que des changes, que les investisseurs vont devoir gérer. "Je pense que nous allons voir des vendeurs revenir sur le marché, des fonds spéculatifs, des gros fonds de pension", a raconté à l'AFP Joe Rundle, trader à Londres.

- Rapide stabilisation ? -

Mais pour Henning Vöpel, de l'institut économique de Hambourg (HWWI), "les marchés vont maintenant digérer le choc".

"Après les premières réactions de panique sur les marchés actions et de changes, une stabilisation devrait vite arriver", considère-t-il. La rapidité d'un retour au calme dépendra toutefois de la manière dont "les politiques au Royaume-Uni et dans l'Union européenne réagissent".

"Il va sans dire que nous sommes dans une période d'immense incertitude, mais il y a déjà de premiers signes que la fuite (des investisseurs) vers les placements sûrs commence à se calmer", pointent aussi les analystes de Capital Economics.

Pour les pragmatiques analystes d'Interactive Investor, il est temps d'aller à la chasse aux bonnes affaires. "Cette vague de vente va créer des opportunités d'achats. (...) Certaines actions vont maintenant paraître très bon marché. Piocher les entreprises de qualité au milieu du carnage peut se révéler une stratégie intelligente pour les investisseurs de long-terme", écrivent-ils dans une note.

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