Cette annonce surprise a provoqué un choc sur les marchés, faisant bondir le franc et chuter les actions helvétiques. Elle a en revanche permis aux autres grandes places européennes de bénéficier d'un rebond favorisé par la baisse de l'euro, la hausse des secteurs des matières premières et de l'énergie ou encore les ventes solides de la chaîne d'habillement H&M (+1,41%) et de Beiersdorf (+5,6%), le propriétaire allemand de la marque Nivea.

À Paris, le CAC 40 a terminé sur un gain de 2,37% (+99,96 points) à 4.323,20 points. Le Footsie britannique a pris 1,73% et le Dax allemand 2,2% tandis que l'indice EuroStoxx 50 progressait de 2,19% et le FTSEurofirst 300 de 2,62%.

La BNS a annoncé dans la matinée renoncer à défendre le plancher de 1,20 franc pour un euro en vigueur depuis 2011 et elle a abaissé ses principaux taux, déjà négatifs.

Ses décisions ont suscité des réactions spectaculaires sur les marchés, le franc suisse gagnant jusqu'à 30% face à l'euro tandis que le marché actions suisse chutait de 8,67%.

Parmi les grandes valeurs helvétiques, les banques UBS et Credit Suisse ont cédé respectivement 11,74% et 11%, le géant de la pharmacie Roche 8,62%, Swatch 16,35% et le groupe de luxe Richemont 15,5%.

Sur le marché des changes, l'euro accusait une baisse de 13,2% face au franc suisse à 1,0380 et de 1,7% face au dollar, à 1,1604, vers 18h.

Les responsables de la stratégie devises de Morgan Stanley estiment dans une note que la décision de la BNS a très probablement été prise en anticipation d'un programme de rachats d'actifs (QE) que la BCE devrait annoncer jeudi prochain à l'issue de son conseil.

Pour Benoît Anne, responsable de la stratégie marchés émergents à la Société générale, "le franc suisse était la dernière devise défensive. Chaque fois qu'elle monte c'est un signal négatif pour le risque".

L'or, valeur refuge par excellence, affiche un gain de 2,5%.

Au moment de la clôture européenne, Wall Street était en légère baisse mais semblait toujours chercher une tendance après un début de séance en dents de scie. Les valeurs bancaires américaines sont mal orientées après les résultats trimestriels de Bank of America (-3,3%) et de Citigroup (-2,4%).

Le marché obligataire a lui aussi réagi à la décision de la BNS : tandis que les rendements des titres suisses s'enfonçaient en territoire négatif pour les maturités allant jusqu'à sept ans, les emprunts d'Etat belges et français ont accusé le coup et leurs rendements sont remontés.

L'abandon du plancher du franc signifie en effet que la BNS achètera moins d'obligations de la zone euro et la France et la Belgique étaient considérées comme ses cibles favorites.

Le mouvement est toutefois compensé en partie par l'anticipation du lancement d'un QE par la Banque centrale européenne (BCE).

La BNS a pour une fois relégué au second plan la baisse des cours du pétrole, qui se poursuit néanmoins: le Brent se traite à moins de 48,60 dollars le baril, le brut léger américain sous 48 dollars.

(Marc Angrand et Raoul Sachs)