(Actualisation: mise à jour des réactions boursières, commentaires supplémentaires d'analystes, clôture des Bourse de Tokyo et Séoul)

LONDRES/HONG KONG (Agefi-Dow Jones)--Les investisseurs délaissent mardi les actions au profit de l'or et des emprunts d'Etat, le lancement par Pyongyang d'un missile balistique au-dessus du Japon ayant ravivé des tensions géopolitiques qui avaient déjà plombé les marchés en début de mois.

L'indice Stoxx Europe 600, qui s'est approché dans la matinée de son plus bas niveau depuis février, reculait vers 13h20 de 1,35%, à 367,3 points, tandis que les contrats à terme laissent attendre un recul de 0,6% de l'indice S&P 500 à l'ouverture. En Europe, l'indice CAC 40 cède 1,35% à 5.039,4 points après être passé sous la barre des 5.000 points dans la matinée, le FTSE 100 fléchit de 1,1% et le DAX 30 abandonne 1,75%.

Ce missile, le premier tiré par la Corée du Nord au-dessus des principales îles de l'archipel nippon depuis 2009, est la dernière d'une série de provocations directes qui ont perturbé les marchés ces dernières semaines, alors que la volatilité des cours risque d'être amplifiée par la faiblesse des volumes d'échanges en période estivale.

Une menace sans précédent pour Shinzo Abe

"Le tir scandaleux d'un missile au-dessus de notre pays constitue une menace grave et sans précédent, qui nuit considérablement à la paix et à la sécurité dans la région", a déclaré le Premier ministre japonais, Shinzo Abe.

Les investisseurs optant pour des actifs peu risqués, l'or grimpait vers 13h20 de 0,7% à 1.325 dollars l'once, autour de son plus haut niveau depuis septembre 2016, entraînant dans son sillage certaines valeurs minières. Signant la plus forte hausse européenne, Randgold Resources s'adjugeait 3,6%.

Le taux de l'emprunt du Trésor américain à 10 ans recule pour sa part à 2,11%, après s'être approché de son plus bas niveau depuis l'élection présidentielle américaine de novembre 2016, contre 2,159% lundi, tandis que le taux du Bund allemand fléchit à 0,33%, après avoir reculé autour de son point bas de juin, contre 0,364%.

L'euro et le yen montent face au dollar

Sur le marché des changes, le yen gagne 0,7% face au dollar, après s'être approché de son plus haut niveau depuis avril, alors même que le Japon se trouve au coeur des tensions géopolitiques actuelles. Le yen tend à progresser en période de stress sur les marchés.

L'euro gagne pour sa part 0,5% face au billet vert, à 1,2043 dollar, évoluant à des niveaux qui n'avaient plus été observés depuis janvier 2015. La monnaie unique poursuit l'ascension entamée à l'issue du discours du président de la Banque centrale européenne (BCE) à Jackson Hole la semaine dernière.

Bien que Mario Draghi n'ait fait aucune annonce de politique monétaire vendredi à Jackson Hole, certains investisseurs ont interprété son silence sur la vigueur de l'euro comme un signe que la devise poursuivrait sa hausse.

"Nous nous attendons résolument à ce que la BCE annonce une modification de son programme [d'assouplissement quantitatif] lorsque [le conseil des gouverneurs] se réunira la semaine prochaine", indiquent les stratégistes de RBC Capital Markets.

Les tensions géopolitiques émanant principalement d'Asie du Nord, "la localisation du conflit et les parties impliquées font de l'euro, plutôt que du dollar, la devise refuge de prédilection", observe Jane Foley, stratégiste changes chez Rabobank. Vers 13h20, l'indice WSJ Dollar, qui mesure l'évolution du billet vert face à 16 autres devises, cédait 0,4%.

La vigueur de l'euro peut constituer un casse-tête pour les entreprises exportatrices européennes et a pesé sur leurs bénéfices au deuxième trimestre.

L'impact sur les marchés pourrait rester limité

Certains analystes soulignent toutefois que la réaction des marchés reste modérée et que les craintes liées à la Corée du Nord n'ont eu qu'un impact à court terme sur l'appétit pour le risque. Les provocations de Pyongyang n'engendrent généralement pas de réaction marquée des marchés, même en Corée du Sud, indiquaient en début de mois les stratégistes de JP Morgan.

Si "la Corée du Nord continue de tester la résolution des Etats-Unis et la relation sino-américaine", les marchés ne réagiront guère à moins que Washington emploie autre chose que des mots, ajoute Bryan Goh, directeur des investissements de la banque privée suisse Bordier & Cie à Singapour.

Dans ce contexte, les marchés d'actions asiatiques ont clôturé loin de leurs points bas du début de séance. A Tokyo, l'indice Nikkei a cédé 0,4%, tandis que l'indice phare de la Bourse de Séoul, le Kospi, a fini sur un repli de 0,2%, après avoir perdu jusqu'à 1,6% en séance.

-Riva Gold et Kenan Machado, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau, Valérie Venck) ed: ECH