par Joe Bavier

BANGUI, 14 février (Reuters) - Les Centrafricains sont appelés aux urnes dimanche pour le second tour d'une élection présidentielle censée tourner la page du conflit ethnique et religieux qui a éclaté début 2013.

Ils doivent par ailleurs revoter pour le premier tour des législatives, celui du 30 décembre ayant été annulé pour cause d'irrégularités.

La présidentielle oppose les anciens Premiers ministres Anicet-Georges Dologuélé et Faustin-Archange Touadéra.

"Nous espérons que tout se passera bien et que les choses iront vite pour que nous puissions avoir un président. J'espère que nous allons en finir une fois pour toutes avec ces problèmes (...)", a déclaré Parfait Gbokou, qui était l'un des premiers électeurs à se présenter pour voter à Bangui.

Les bureaux de vote devaient ouvrir à 05h00 GMT mais certains avaient du retard. Ils doivent fermer à 15h00 GMT.

La République centrafricaine a sombré dans le chaos en mars 2013 lorsque les rebelles musulmans de la Séléka ont pris le pouvoir. Leurs exactions ont entraîné des représailles des milices chrétiennes "anti-Balaka" et l'armée française a dû intervenir dans le cadre de l'opération Sangaris pour mettre fin aux massacres.

"Nous espérons que notre nouveau président désarmera les combattants pour que nous puissions rentrer chez nous", souhaite Emilienne Namsona, qui vit depuis 2013 dans le camp de déplacés de M'poko, voisin de l'aéroport de Bangui, qui accueille 23.000 autres déplacés.

DÉSENGAGEMENT FRANÇAIS

"C'est important parce que nous souffrons, ici, en Centrafrique. Nous allons voter pour la paix", ajoute-t-elle.

Au premier tour, le rejet de la violence s'est exprimé à travers la participation, qui a atteint 80%.

"Ce scrutin se déroule à un moment charnière pour le pays (...) C'est une formidable chance de prendre un nouveau départ", a souligné Parfait Onanga-Anyanga, chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca).

Anicet-Georges Dologuélé, ancien banquier, et Faustin-Archange Touadéra, ex-professeur de mathématiques, ont tous deux fait de la paix et de la sécurité les thèmes centraux de leurs campagnes.

Le premier a en outre insisté sur la relance de l'économie et de l'investissement étranger, tandis que le second mettait l'accent sur la lutte contre la corruption.

Le retour à l'ordre démocratique après trois ans d'intérim ne résoudra toutefois pas les nombreux problèmes du pays du jour au lendemain. Quel qu'il soit, le vainqueur de la présidentielle aura la lourde tâche de rétablir l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire, de reconstruire l'armée et de procéder au désarmement des milices.

Le président français François Hollande a annoncé à la mi-janvier que la force Sangaris allait se retirer rapidement, une fois le processus électoral achevé. (Avec Leger Serge Kokpakpa et Crispin Dembassa-Kette, Jean-Philippe Lefief pour le service français)