(Actualisé avec précisions sur le contenu de l'aide et sur la stratégie US §7, 12-17)

par Phil Stewart et Kate Holton

LONDRES, 9 octobre (Reuters) - Les Etats-Unis ont annoncé vendredi une réorganisation en profondeur de leur aide aux rebelles syriens en lutte contre l'Etat islamique (EI), après l'échec d'un programme de formation d'unités combattantes à l'étranger lancé en mai dernier.

Le Pentagone a déclaré dans un communiqué qu'il livrerait des armes et des équipements aux unités rebelles dont le profil aura été vérifié par les services américains.

"Le secrétaire à la Défense Ashton Carter ordonne désormais au département de la Défense de fournir des armes et des équipements à un groupe choisi de commandants au profil validé et à leurs unités afin qu'au bout d'un certain temps, ils puissent mener une offensive concertée contre les territoires toujours contrôlés par l'EI", peut-on lire dans ce communiqué signé de Peter Cook, le porte-parole du Pentagone.

Les Etats-Unis fourniront également un appui aérien à ces unités, a-t-il ajouté.

Un haut fonctionnaire du département de la Défense a déclaré que ce programme serait mis en oeuvre dans les prochains jours, ajoutant que l'aide consisterait prioritairement en armes, munitions et matériel de communication.

Le Pentagone ne fournit pas les noms des organisations rebelles qui vont bénéficier de ce soutien, non plus que le nombre de combattants qu'il concernera.

Dans un communiqué, Ashton Carter a estimé que ces changements permettraient d'"accroître avec le temps la capacité de combat des forces anti-EI en Syrie".

"Je reste convaincu qu'une défaite durable de l'EI en Syrie dépendra en partie du succès de forces terrestres locales, motivées et capables", a-t-il ajouté.

PAS D'ÉQUIPEMENTS HAUT DE GAMME

Les Américains, qui mènent depuis août 2014 une campagne aérienne contre l'EI en Irak et en Syrie mais refusent tout engagement au sol, ont commencé à entraîner en mai dernier un groupe de combattants rebelles syriens "modérés" avec l'objectif d'en former jusqu'à 5.400 par an pour un budget dépassant les 500 millions de dollars.

Mais le programme a été marqué d'entrée par la défaite d'un premier groupe d'une soixantaine d'hommes lancés sur le terrain face aux combattants du Front Al Nosra, branche locale d'Al Qaïda.

L'administration américaine a reconnu avoir rencontré des difficultés à trouver des recrues car le programme prévoyait seulement un engagement contre l'Etat islamique et non contre les forces pro-Assad.

"Personne en Syrie ne va combattre que l'EI, cela était condamné à échouer avec de telles restrictions", a commenté le sénateur républicain Lindsey Graham sur la chaîne MSNBC.

La numéro 3 du personnel civil du Pentagone, Christine Wormuth, a affirmé que les Etats-Unis avaient "une assez haute confiance" dans les rebelles syriens qu'ils allaient équiper.

Elle a précisé que ces équipements ne concerneraient pas des armes "haut de gamme" comme des roquettes antichar ou des roquettes antiaériennes.

Le Pentagone fournira "des équipements de type basique" au chefs militaires, a-t-elle affirmé.

L'entrée de la Russie dans le conflit la semaine passée a un peu plus accentué les doutes sur la pertinence de la stratégie choisie par l'administration américaine en Syrie et a soulevé des questions sur l'influence que Washington peut encore exercer dans la région.

(Phil Stewart et Kate Holton, Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)