WASHINGTON, 10 janvier (Reuters) - Les pays européens doivent prendre une part de responsabilité plus importante dans la politique de défense de l'Otan pour que l'alliance reste pertinente dans les années à venir, a déclaré jeudi la ministre norvégienne de la Défense.

Ine Eriksen Soreide, qui doit rencontrer le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel vendredi, a estimé qu'on ne pouvait demander aux Etats-Unis de continuer à payer pour plus de 70% des besoins de défense de l'Otan.

"Les alliés européens doivent (..) prendre une part plus importante aux charges politiques et économiques", a déclaré la ministre norvégienne à Reuters dans un entretien après un discours au Center for Strategic and International Studies (CSIS).

"Nous devons prendre notre part. Il faut que nous soyons plus qu'un importateur net de sécurité. Nous devons exporter de la sécurité", a déclaré Ine Eriksen Soreide.

Dans son discours au CSIS, la ministre a indiqué que ses rencontres cette semaine avec les élus américains montraient que démocrates et républicains au Congrès s'interrogeaient de plus en plus sur la valeur de l'engagement de l'Europe au regard des investissements américains.

Elle a expliqué que la crainte des Européens d'être abandonnés par les Etats-Unis avait été alimentée par l'intention de Washington de se recentrer sur l'ensemble Asie-Océanie, mais que ces inquiétudes étaient vraisemblablement exagérées.

Certains changements sont nécessaires, estime-t-elle. Elle appelle à un investissement plus important de l'Europe à sa propre sécurité, à une planification accrue des crises futures et au développement de systèmes sophistiqués susceptibles d'être facilement déployés si nécessaire.

"La Norvège estime que la stabilité mondiale dépend de la capacité de l'Europe et des Etats-Unis à travailler ensemble et que cela va devenir encore plus important à l'avenir", a déclaré Soreide devant le CSIS, en citant la menace extrémiste, les puissances émergentes et la réapparition de vieilles puissances comme la Russie.

Elle a appelé à davantage de man÷uvres et autres entraînements de l'Otan et à un engagement plus important dans les zones hors des pays alliés.

Comme un bon exemple pratique de la "participation au fardeau transatlantique", elle a cité la participation de la Norvège et du Danemark aux efforts de destruction de l'arsenal chimique syrien.

Elle a aussi critiqué le concept de "smart défense" de l'Otan qui vise à rationaliser les capacités militaires des alliés. Pour la ministre, ce terme vise à dissimuler une réduction de dépenses militaires.

Elle s'est montrée préoccupée de l'absence de plan cohérent en matière de missiles de défense, de la modernisation de l'armée russe et de son activité accru dans l'Arctique ainsi que des atteintes aux droits de l'homme dans le pays. (Andrea Shalal-Esa; Danielle Rouquié pour le service français)