* David Cameron espère une issue constructive

* Les 27 demandent à Londres "de la clarté et un calendrier"

* Des scénarios alternatifs commencent à émerger (Complété avec source française, détails, Sapin)

par Elizabeth Pineau et Jean-Baptiste Vey

BRUXELLES, 28 juin (Reuters) - Les dirigeants européens réunis mardi à Bruxelles ont pressé les Britanniques d'engager la procédure de sortie de l'Union européenne sans tergiverser, après le vote en faveur du "Brexit" exprimé par leur peuple lors du référendum de jeudi dernier.

Lors du dîner à 28, le chef du gouvernement britannique, David Cameron, a informé ses partenaires du résultat de la consultation dont les 27 veulent tirer parti pour relancer une construction européenne fragilisée.

"On va écouter l'analyse de Cameron. Il ne faut pas l'humilier en parlant de l'avenir de l'Europe à 27", dit une source française. "Ce qu'on attend de lui c'est : de la clarté, un calendrier, le mode d'emploi sur ce qu'ils vont faire."

Seul le gouvernement britannique peut invoquer l'article 50 du traité de Lisbonne formalisant ce retrait, ce qui ouvrira une négociation d'une durée pouvant aller jusqu'à deux ans pour organiser la sortie du pays de l'Union.

David Cameron a réaffirmé lundi qu'il laisserait à son successeur, qui sera désigné en septembre, le soin d'enclencher le processus de sortie.

"La Grande-Bretagne quittera l'Union européenne, mais je souhaite que le processus qui y mène soit aussi constructif que possible ; j'espère aussi que l'issue pourra être elle aussi constructive que possible", a-t-il déclaré.

UN DÉLAI QUI INQUIÈTE

François Hollande a souligné pour sa part la nécessité d'"engager le plus vite possible la procédure de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, et ensuite engager les négociations qui suivront".

Pour y parvenir, les Européens doivent faire preuve de "conviction", a-t-il ajouté, en estimant que "la position de la France, je n'en doute pas, sera la position qui sera retenue au niveau de l'Union européenne".

"Je n'imagine pas un gouvernement britannique quel qu'il soit ne pas respecter le choix de son propre peuple", a poursuivi le président français.

Le délai imposé par David Cameron inquiète des pays comme la France ainsi que les institutions européennes, qui craignent la prolongation de la période d'incertitude.

"Il faut essayer de maîtriser cette incertitude, de la limiter dans le temps", a déclaré sur Public Sénat le ministre français des Finances, Michel Sapin. "L'incertitude, c'est un danger maximal pour la Grande-Bretagne, mais ça peut être aussi un danger pour l'Europe".

Selon un responsable européen citant Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), l'impact négatif lié au Brexit serait de 0,3% à 0,5% sur trois ans.

Il y a d'autant plus urgence que des scénarios alternatifs commencent à naître.

La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, sera mercredi à Bruxelles pour évoquer les moyens d'obtenir le maintien de l'Ecosse dans l'Union européenne.

Jeremy Hunt, ministre britannique de la Santé et possible candidat à la succession de David Cameron, a évoqué quant à lui un deuxième référendum si Bruxelles autorise la Grande-Bretagne à contrôler totalement ses frontières.

"Aussi, avant de lancer le compte à rebours, nous devons négocier un accord et le soumettre au peuple britannique, soit avec un référendum, soit à travers le programme conservateur dans le cadre d'élections générales", a-t-il expliqué.

DES PROJETS DÈS SEPTEMBRE ?

Angela Merkel a assuré à son arrivée au Conseil "qu'il n'y aurait pas de discussions formelles ou informelles avant que la Grande-Bretagne ait déclenché l'article 50".

Cette position a été affirmée par les dirigeants de la France, de l'Allemagne et de l'Italie lundi à Berlin.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a lui déclaré que "l'Europe est prête à commencer la procédure de divorce dès aujourd'hui, sans enthousiasme comme vous pouvez l'imaginer, ce n'est pas le scénario dont nous rêvions".

La France, l'Allemagne et l'Italie - pays fondateurs de la Communauté européenne et les plus peuplés - sont convenus lundi de la nécessité de relancer l'UE dans les domaines de la sécurité, de la croissance, ainsi que de l'harmonisation fiscale et sociale dans la zone euro.

Dans une déclaration commune, ils proposent de "lancer un processus, selon un calendrier strict et un ensemble précis d'engagements", et la tenue d'un sommet des Vingt-Sept en septembre pour adopter des projets.

"L'idée est de faire des propositions très concrètes qui puissent être mises en ÷uvre dans les six mois, des choses très visibles pour montrer aux Européens les avantages de l'Europe", explique un diplomate français.

ENCADRE L'article 50, pomme de discorde du Brexit

(Jean-Baptiste Vey et Elizabeth Pineau, avec le bureau européen de Reuters, édité par Sophie Louet)