par Deepa Babington

ATHENES, 5 juillet (Reuters) - Les Grecs se rendent aux urnes ce dimanche pour se prononcer pour ou contre le plan de sauvetage "argent frais contre réformes" mis au point par les créanciers de la Grèce lors d'un référendum qui pourrait ouvrir la voie à une éventuelle sortie du pays de la zone euro après cinq années d'austérité.

Dans un contexte de forte tension entre Athènes et les Européens et de crainte d'un effondrement financier, les enquêtes d'opinion n'ont pas permis de dégager une tendance claire à la veille de ce scrutin qui sera observé dans toutes les capitales occidentales.

Les Grecs apparaissent divisés entre les partisans du "non" prôné par le Premier ministre Alexis Tsipras qui a appelé à refuser une "humiliation" et les défenseurs du "oui" convaincus qu'un "Grexit" serait pire que la poursuite d'un programme de rigueur budgétaire.

Pour les créanciers et les partenaires européens, une victoire du "non" ouvrirait la voie à une sortie de la Grèce de la zone euro et aurait des conséquences sur l'ensemble des marchés financiers.

"Dimanche, nous devons adresser un message de démocratie et de dignité à l'ensemble du monde", a affirmé Alexis Tsipras devant plusieurs dizaines de milliers de sympathisants avant la fin de la campagne.

C'est une population en colère et épuisée par les mesures d'austérité qui est appelée à se prononcer au moment où le gouvernement a instauré un contrôle des capitaux et ordonné la fermeture des banques depuis lundi.

"Il règne une atmosphère de peur. On peut la sentir", commente Sarafianos Giorgos, un enseignant athénien de 60 ans, qui déclare vouloir soutenir la proposition des créanciers internationaux.

Les bureaux de vote ouvriront à 07h00 (04h00 GMT) et fermeront à 19h00 (16h00 GMT). Les premières projections officielles devraient être disponibles à partir de 21h00 (18h00 GMT).

Quatre sondages publiés vendredi donnent une courte avance en faveur du "oui" tandis qu'un cinquième prévoit une victoire du "non" avec une marge de 0,5 point d'indice.

Les tenants du "oui" estiment que les propositions des "institutions" s'annoncent à nouveau douloureuses mais qu'une sortie de la zone euro et un retour à la drachme constitueraient un scénario bien pire.

CAUCHEMAR

Les partisans du "non" font valoir qu'une nouvelle hausse fiscale et une baisse des pensions de retraite en échange d'une prolongation de l'aide financière internationale n'est pas supportable pour un pays où un quart de la population active est sans emploi. Ils estiment avec Alexis Tsipras que l'Europe se livre à un "chantage" sur leur pays.

"En tant que citoyenne grecque, je suis gênée par ceux qui vont voter 'oui' par peur de sortir de l'euro. On nous demande d'accepter un esclavage sans fin. Je trouve cela offensant", a commenté Tenekidou Ermioni, une enseignante de 54 ans.

"Au fond, un départ anticipé du Premier ministre Alexis Tsipras est plus probable qu'un Grexit", écrit Wolfgang Piccoli de Teneo Intelligence. "Quel que soit le résultat de dimanche, l'instabilité politique est appelée à durer à un niveau élevé", ajoute-t-il.

A la veille du scrutin, le ministre des Finances Yanis Varoufakis a affirmé qu'en cas de victoire du "non", les créanciers n'auront pas d'autre choix que d'accorder à la Grèce des conditions d'aide plus favorables, y compris un important allègement de la dette et moins d'austérité.

En cas de victoire du "oui", Varoufakis et Tsipras devraient démissionner ouvrant une nouvelle phase d'incertitude alors que les partis politiques locaux tentent de s'entendre pour constituer un gouvernement d'union nationale

Une autre crainte est liée à une victoire étriquée d'un camp ou de l'autre qui viendrait ajouter à la confusion ambiante et pourrait se traduire par des manifestations violentes plutôt que par l'expression claire des intentions du peuple grec.

"Le cauchemar serait un résultat de 51-49 en faveur d'un camp ou de l'autre", a jugé un responsable allemand. "Et les chances d'assister à cela ne sont pas minces".

(Pierre Sérisier pour le service français) ;))