(Actualisé avec réactions, précisions sur la situation § 3-7-8-9)

par Mohammed Mukhashaf

ADEN, 1er avril (Reuters) - Des combattants chiites houthis et leurs alliés de l'armée yéménite sont entrés mercredi dans le centre d'Aden, la grande ville portuaire du sud du Yémen, dernière place forte des forces loyalistes du président Abd-Rabbou Mansour Hadi, rapportent des témoins.

Une colonne de miliciens chiites et d'unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh ont pénétré dans le quartier de Khor Maksar, au sud de l'aéroport, sur l'isthme qui relie le centre d'Aden au continent.

Des habitants ont précisé que le convoi, formé de quatre chars et trois véhicules blindés, se heurtait à une forte résistance opposée par des milices locales. Ils disent avoir vu les corps de huit combattants Houthis gisant au sol. Des obus sont tombés sur le district historique de Crater.

De nombreux habitants ont fui la zone et certains ont tenté de trouver place à bord d'un navire quittant le port.

Cette percée intervient en dépit des bombardements aériens déclenchés jeudi dernier par l'Arabie saoudite et ses alliés sunnites au moment où les miliciens Houthis, que Ryad accuse d'être soutenus par l'Iran, semblaient sur le point de prendre Aden.

Mais ces raids aériens n'ont pas endigué la progression au sol des Houthis, qui sont partis de leur fief, dans le nord du Yémen, pour s'emparer progressivement du territoire, prenant la capitale, Sanaa, en septembre, avant de poursuivre leur avancée vers les provinces du sud. Le président Abd-Rabbou Mansour Hadi, qui s'était réfugié à Aden en février, a gagné depuis l'Arabie saoudite.

"NOS VICTOIRES REDUISENT LES AGRESSEURS AU SILENCE"

"Nous pouvons dire qu'après une semaine de bombardements sur le Yémen, les agresseurs n'ont obtenu aucun résultat", s'est réjoui le porte-parole des Houthis sur leur chaîne de télévision, Al Masira TV. "Nos victoires aujourd'hui à Aden ont plongé cette campagne aérienne dans l'embarras et réduit au silence les Etats agresseurs", a ajouté Mohammad Abdelsalam.

Dans le camp loyaliste, des proches du président Hadi ont sonné l'alarme. "Ce qui est en train de se passer, ce serait une catastrophe pour Aden et ses habitants si Aden tombe", a dit son ministre des Affaires étrangères, Ryad Yassine, à la chaîne de télévision Al Djazira.

Côté saoudien, un porte-parole militaire s'est contenté de dire que les forces Houthis étaient à Aden avant le déclenchement de l'offensive aérienne et que l'apparition de blindés avait toujours été une possibilité.

Plus tôt dans la journée de mercredi, des combats avaient fait plusieurs dizaines de morts de part et d'autre autour d'Aden et dans d'autres secteurs du sud du pays.

Six mois après la prise de Sanaa, les miliciens Houthis et leur allié, l'ex-président Saleh, sont désormais en position de force au Yémen, nouveau front de l'opposition régionale entre l'Arabie saoudite, principale puissance sunnite, et l'Iran chiite.

L'Arabie saoudite, qui s'en tient pour l'heure à des bombardements aériens ou des tirs d'artillerie depuis des bâtiments croisant au large du Yémen, entend stopper leur offensive et les contraindre à négocier un partage du pouvoir avec le président Mansour Hadi.

L'objectif affiché par Ryad est de rétablir la paix et la stabilité de son voisin.

De son côté, l'Iran juge que l'offensive saoudienne est une erreur stratégique et que seule une cessation immédiate des opérations militaires et l'ouverture d'un dialogue entre toutes les parties yéménites permettront de parvenir à une solution politique. (Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français)