* Les peshmergas revendiquent la prise de Bachika

* La ville est situé à 12 km au nord-est de Mossoul

* L'EI tente une nouvelle diversion, à Routba

* Cette ville est situé à 360 km à l'ouest de Bagdad

* Ashton Carter (Pentagone) félicite les peshmergas (Actualisé avec propos du général Townsend, précisions des peshmergas)

par Saïf Hamid et Babak Dehghanpisheh

ERBIL, Irak, 23 octobre (Reuters) - Les combattants kurdes irakiens ont annoncé avoir repris à l'Etat islamique dimanche la ville de Bachika près de Mossoul dans le cadre de l'offensive des forces coalisées contre le dernier bastion des djihadistes en Irak.

Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter, qui se trouve en Irak, a été informé de cette libération par le président de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a déclaré un responsable américain.

Les combattants kurdes, les peshmergas, ont déclaré aux journalistes présents sur les lieux qu'ils étaient entrés dans Bachika, mais la presse n'a pas été autorisée à pénétrer dans la ville, qui est située à 12 km au nord-est de Mossoul.

Le général américain Stephen Townsend, qui dirige la coalition internationale contre l'EI en Irak, a déclaré que ses propres informations, bien que partielles, confirmaient les dires du président Barzani et suggéraient qu'il y avait eu "une réussite considérable" à Bachika.

Il a toutefois précisé devant les journalistes: "Je n'ai pas encore reçu de rapport me disant que chaque maison a été dégagée, chaque combattant de Daech tué et chaque mine enlevée."

Bachika, a-t-il encore dit, est l'un des villages autour de Mossoul que l'EI a vidé de ses civils au cours des deux dernières années pour en faire une forteresse.

Les images de Reuters Television, qui a pu filmer à Naourane, localité située près de Bachika, montrent des combattants kurdes qui utilisent diverses armes dont des mortiers lourds et une mitrailleuse, tandis que de la fumée s'élève au-dessus de la région de Bachika. On voit les peshmergas se déplacer dans le secteur, ainsi que des véhicules blindés, tandis qu'un hélicoptère survole la zone.

Les peshmergas utilisent aussi des chars et des lance-roquettes. Ils ont également des tireurs embusqués.

Un photographe de Reuters a vu les combattants kurdes détruire pas moins de trois véhicules piégées lancés contre eux.

Le point le plus proche de Mossoul dont se sont approchées les forces kurdes et irakiennes, appuyées par la coalition internationale dirigée conte les États-Unis, est un lieu situé à moins de 5 km de la grande ville du nord de l'Irak, a indiqué le ministre de l'Intérieur de la région autonome du Kurdistan.

"NOUS APPRÉCIONS VOTRE AMITIÉ"

Pendant ce temps, l'EI tente semble-t-il de faire diversion. Après avoir attaqué Kirkouk vendredi, les djihadistes de l'organisation fondamentaliste sunnite ont fait irruption dimanche à Routba, localité située à 360 km à l'ouest de Bagdad. Ils ont tué sept policiers, a-t-on appris auprès de la police.

Selon le maire de Routba, Imad al Doulaïmi, l'attaque a eu lieu pendant la nuit. Les djihadistes ont pu entrer dans la ville grâce aux cellules dormantes qui s'y trouvent. Les insurgés, au nombre d'une trentaine, se sont battus avec les combattants tribaux et les forces de l'ordre avant de disparaître.

Pour tenter de repousser l'offensive contre Mossoul, l'EI a aussi mis le feu à une usine de soufre. Un millier de personnes ont été hospitalisées après avoir inhalé des fumées toxiques.

Selon les représentants de la coalition, l'offensive, engagée lundi dernier, se déroule bien mais la reprise de la capitale de la province de Ninive prendra du temps. Mossoul, aux mains de l'EI depuis juin 2014, compte 1,5 million d'habitants.

Entre 4.000 et 8.000 combattants de l'EI ont truffé la ville d'explosifs, rempli des tranchées de pétrole, creusé des tunnels. Des civils pourraient servir de boucliers humains.

Les forces irakiennes engagées dans la bataille de Mossoul comptent environ 30.000 hommes. Elles sont épaulées par les forces spéciales américaines avec, en appui aérien, des avions américains, britanniques et français.

Ashton Carter s'est rendu à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan irakien pour féliciter les peshmergas.

"Je suis ici pour vous rendre hommage, ainsi qu'à vos forces. Je suis encouragé par ce que je vois", a déclaré le chef du Pentagone à Massoud Barzani.

"Je sais que vous retournez au front. Soyez prudent, je vous en prie. Nous apprécions votre amitié", a déclaré Ash Carter à Massoud Barzani au moment de partir.

Selon le général Halgord Hekmet, porte-parole des peshmergas, 25 combattants kurdes ont été tués depuis le début de l'offensive lundi. Il a fait état de nombreux blessés.

Tout en se disant satisfait du soutien aérien reçu par ses hommes de la part de la coalition internationale, il a demandé qu'on lui fournisse davantage de blindés et d'équipements pour détecter les mines enterrées.

"La plupart de nos peshmergas ont été tués parce qu'ils conduisaient des véhicules normaux, non blindés", a-t-il dit.

A Rome, le pape François s'est dit proche des irakiens et en particulier des habitants de Mossoul, "qu'ils soient musulmans, chrétiens ou d'autres groupes ethniques et religieux." (Avec Phil Stewart, Bouchra Chakhchir et Silvia Aloisi; Danielle Rouquié pour le service français)