par Tommy Wilkes

COX'S BAZAR, Bangladesh, 17 septembre (Reuters) - Les Rohingya qui se sont réfugiés au Bangladesh pour fuir les persécutions en Birmanie risquent de mourir faute de nourriture et d'abri, met en garde l'association humanitaire Save The Children, tandis que des camps sont en cours d'ouverture pour rationaliser la distribution de l'aide.

Près de 410.000 membres de cette minorité musulmane apatride ont fui l'Etat birman d'Arakhan (Rakhine) pour le Bangladesh voisin, en espérant échapper à l'armée birmane et aux extrémistes bouddhistes birmans. Les Nations unies ont parlé de "nettoyage ethnique".

"Beaucoup de gens arrivent affamés, épuisés et sans nourriture ni eau", raconte dans un communiqué Mark Pierce, directeur pour le Bangladesh de Save the Children.

Pour Mark Pierce, il faut augmenter l'aide fournie. Il demande pour cela à la communauté internationale d'accroître ses financements.

La dirigeante birmane et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, très critiquée à l'étranger pour son silence dans cette crise, doit prononcer mardi son premier discours à la nation au sujet de la crise.

Le Bangladesh a pour sa part annoncé avoir commencé à transférer environ 100.000 Rohingya errant sur les routes vers des camps où de l'aide doit leur être distribuée.

"Nous n'autoriserons pas les distributions sur le côté de la route", a déclaré un responsable gouvernemental, Kazi Abdur Rahman. "Nous voulons les convaincre qu'il y a tout dans le camp et rien ici."

La construction d'un grand camp est prévue, sans que l'on connaisse la date de livraison.

Le Bangladesh accueillait déjà 400.000 Rohingya avant le début de cette nouvelle crise, le 25 août. Ce jour-là, des insurgés Rohingya ont attaqué des postes de police et un camp militaire dans l'Etat d'Arakan, faisant une dizaine de morts.

En réponse, les forces de l'ordre birmanes et des miliciens bouddhistes d'Arakan ont répondu par ce que les organisations de défense des droits de l'homme et les Rohingya en fuite appellent une campagne de violences visant à faire sortir de Birmanie toute la population musulmane.

Les autorités birmanes démentent ces accusations. Elles disent concentrer leur répression contre l'Armée du salut des Rohingya de l'Arakan, groupe armé qui a revendiqué la responsabilité des attaques en août ainsi que d'opérations similaires mais moins importantes en octobre 2016.

Selon Human Rights Watch, des images prises par satellite montrent que 62 villages Rohingya ont été incendiés depuis la reprise des violences.

(Avec Ruma Paul, Serajul Quadir, à Dacca et Shoon Naing à Rangoon; Danielle Rouquié pour le service français)