par Gordana Katana

BANJA LUKA, Bosnie, 26 septembre (Reuters) - Les Serbes de Bosnie ont voté quasi unanimement pour faire du 9 janvier leur "fête nationale" dimanche au cours d'un référendum jugé invalide par la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine.

Les organisateurs de cette consultation qui se déroulait uniquement en République serbe de Bosnie, l'une des deux entités constituant la Bosnie avec la Fédération croato-musulmane, ont déclaré que 99,8% des électeurs avaient voté en faveur de cette disposition et que le taux de participation pourrait s'élever au final à 60% d'inscrits, selon des résultats portant sur 71% des bulletins.

La plupart des Bosniaques musulmans et Croates catholiques s'opposent à cette fête du 9 janvier coïncidant à la fois avec une fête serbe orthodoxe et la proclamation d'indépendance de la République bosno-serbe en 1992, point de départ de la sanglante guerre de Bosnie qui a fait 100.000 morts entre 1992 et 1995.

Le président nationaliste de la République serbe, Milorad Dodik, accusé par ses adversaires d'avoir mis en place cette consultation pour préparer un référendum sur la sécession, a salué un jour qui restera dans l'Histoire comme celui de la "détermination serbe".

"Je suis fier du peuple de Republika Srpska, de tous ceux qui sont allés voter", a déclaré Milorad Dodik à Pale, ville proche de Sarajevo qui fut le QG de l'ancien président bosno-serbe Radovan Karadzic pendant la guerre de Bosnie. Radovan Karadzic a été condamné pour génocide en avril dernier.

L'émissaire international pour la paix en Bosnie, Valentin Inzko, a estimé que ce référendum constituait une attaque sans précédent contre l'ordre constitutionnel issu des accords de paix de Dayton en 1995 et que son résultat n'était pas valable légalement.

Les Etats-Unis, à l'origine du traité de Dayton, et l'Union européenne avaient exhorté la République serbe à annuler ce vote, craignant qu'il ne provoque de l'instabilité. La Russie soutenait en revanche le référendum.

Les dirigeants bosniaques ont toutefois tenu à minimiser les risques de nouveau conflit brandis par certains.

"Il n'y aura pas de guerre, personne ne détruira la République serbe", a déclaré Bakir Izetbegovic, le président bosniaque de la présidence collégiale interethnique de Bosnie.

Il a toutefois laissé entendre que les organisateurs de la consultation devraient être poursuivis en justice. "C'est juste une question de temps", a-t-il dit.

Milorad Dodik a quant à lui écarté la possibilité de poursuites engagées à son encontre. "La République serbe n'a rien à craindre", a-t-il déclaré. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)