(Rectifie l'appartenance politique de Marzouki aux 3e et 6e paragraphes)

par Tarek Amara et Patrick Markey

TUNIS, 23 novembre (Reuters) - Les Tunisiens ont voté dimanche pour désigner leur chef de l'Etat lors de la première élection présidentielle au suffrage universel direct, près de quatre ans après la chute du régime de Zine el Abidine Ben Ali.

Aucun résultat officiel n'a encore été communiqué mais peu après la fermeture des bureaux de vote, à 18h00 (17h00 GMT), le directeur de campagne de Béji Caïd Essebsi a déclaré à la presse que le candidat de l'alliance laïque Nidaa Tounes arrivait en tête avec au moins 10 points d'avance.

Béji Caïd Essebsi, un ancien responsable tunisien, et le président par intérim sortant Moncef Marzouki, arrivé au pouvoir en 2011 après une alliance avec les islamistes d'Ennahda, sont les grands favoris du scrutin, point d'orgue de la transition démocratique souvent chaotique entamée après la "révolution de jasmin" de 2011.

"Essebsi est en tête selon les résultats préliminaires, avec un gros avantage sur le candidat suivant", a déclaré à des journalistes son directeur de campagne, Mohsen Marzouk.

"Il y a de grandes chances qu'il y ait un second tour", a-t-il ajouté.

L'équipe de campagne de Moncef Marzouki a assuré de son côté que le président sortant, candidat du Congrès pour la république (CPR), serait présent au second tour, qui aurait dans ce cas lieu au mois de décembre, sans fournir de résultats chiffrés.

Les partis politiques ont des délégués dans les bureaux de vote, ce qui leur permet de superviser le dépouillement et de fournir des résultats officieux.

"UN GRAND JOUR"

Depuis la chute de Ben Ali, première victime du "printemps arabe", la Tunisie s'est dotée d'une nouvelle Constitution et les partis laïcs et islamistes ont dans l'ensemble réussi à s'entendre pour éviter au pays de sombrer dans le chaos, comme les autres Etats dont les régimes autoritaires ont été renversés ou contestés par des mouvements populaires.

L'élection présidentielle fait suite aux législatives d'octobre lors desquelles les Tunisiens ont placé en tête l'alliance laïque Nidaa Tounes devant les islamiste d'Ennahda qui avaient remporté celles de 2011.

"C'est une nouvelle fois un grand jour dans l'histoire de la Tunisie", a commenté Mouna Jeballi une électrice de Tunis.

"Désormais, nous sommes le seul pays du monde arabe qui ne sait pas quel sera le nom de son président avant la fin du scrutin."

Les résultats définitifs de ce premier tour devraient être connus d'ici 48 heures mais la plupart des observateurs estiment que ni Essebsi, un ancien cadre du régime Ben Ali âgé de 87 ans, ni Marzouki ne devraient obtenir la majorité absolue.

"Les Tunisiens ont leur mot à dire et j'accepterai leur choix pour consolider la transition tunisienne", a déclaré Essebsi à ses partisans avant le scrutin. (Tarek Amara; Tangi Salaün pour le service français, édité par Henri-Pierre André)