WASHINGTON, 28 novembre (Reuters) - La Russie n'a pas informé l'armée américaine du plan de vol de son avion avant qu'il ne soit abattu par la Turquie mardi, malgré l'affirmation du contraire par Vladimir Poutine, ont déclaré vendredi deux responsables américains.

Le président russe avait suggéré une certaine culpabilité des Etats-Unis après cette affaire qui a tendu les relations entre Moscou et Ankara, allant même jusqu'à laisser entendre que Washington pourrait avoir donné à Ankara des plans opérationnels russes détaillés à l'avance.

S'exprimant devant la presse jeudi à Moscou, Vladimir Poutine a déclaré : "Nous avons informé nos partenaires américains" sur le lieu et le moment d'intervention de notre avion. C'est "précisément" à ce moment-là que l'armée de l'air turque a abattu l'appareil, a déclaré Vladimir Poutine.

"La question se pose : pourquoi avons-nous transmis cette information aux Américains ?", a déclaré Vladimir Poutine.

Le Pentagone n'a pas fait de commentaire sur les propos du chef du Kremlin même s'il a par le passé reconnu que la coalition internationale qui effectue les frappes en Syrie avait parfois été succinctement informée par la Russie de certaines opérations, comme par exemple du lancement de missiles de croisière le 17 novembre.

Ce genre d'informations vise à prévenir une collision accidentelle entre les anciens ennemis de la Guerre froide qui mènent chacun une campagne de bombardements en Syrie.

Les deux responsables américains interrogés par Reuters, qui s'exprimaient sous le sceau de l'anonymat, ont déclaré que la Russie n'avait pas transmis le genre de précisions opérationnelles suggérées par Poutine dans ses commentaires.

Le degré précis d'une éventuelle communication entre les armées russe et américaine, avant ou après l'incident, n'a pas été divulgué.

La Turquie, qui souhaite le départ du président syrien Bachar al Assad, a indiqué qu'elle n'avait pas cherché à abattre un avion russe, mais qu'elle avait agi après une incursion de celui-ci dans son espace aérien. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a parlé de "réaction automatique" aux instructions données à l'armée.

Moscou affirme que son avion n'a jamais quitté l'espace aérien syrien.

(Phil Stewart, avec Christian Lowe à Moscou; Danielle Rouquié pour le service français)