Le sucre, que l’on désigne aussi sous le nom de saccharose, est issu de deux sources : la canne à sucre et la betterave sucrière. Environ 75% du sucre produit provient de la transformation de cannes à sucre. On doit distinguer le sucre brut, du sucre raffiné (blanc) qui sont échangés de façon distincte. Les deux plus grandes bourses pour les contrats à terme sont New York (pour le sucre brut) et Londres (pour le sucre blanc).

La demande globale de sucre n’a cessé de progresser dans le temps, en grande partie liée à l’occidentalisation de la consommation mondiale. Celle-ci devrait s’établir à 180 millions de tonnes en 2017, en augmentation de 12,5% par rapport à 2010, les principaux bassins de consommation se trouvant en Inde, en Europe puis en Chine. L’évolution de la demande est si soutenue que l’offre ne parvient pas à suivre. Ainsi, la production mondiale, qui est concentrée dans une grande mesure au Brésil (premier exportateur mondial), en Inde et en Europe, est estimée à 176 millions de tonnes, créant, de facto, un déséquilibre sur le marché du sucre.

Ce dernier se traduit par une structure à terme des prix en backwardation. Le prix physique (ou spot) du sucre est ainsi supérieur aux prix à terme, fixés à des échéances plus lointaines. En d’autres mots, le marché du sucre étant en déficit, les acheteurs offrent une prime pour pouvoir disposer de la marchandise le plus rapidement possible. Le marché pénalise donc les opérations de stockage, qui tendent à diminuer, les opérateurs ayant une préférence pour le présent.

Toutefois, l’évolution récente du cours du sucre ne reflète pas cette idée de pénurie. Après une année 2016 de bonne facture, le prix du sucre blanc évolue désormais sur son plus bas annuel, à proximité des 450 USD la tonne, en baisse de 15% depuis le début de l’année. C’est la conséquence logique d’une bonne récolte brésilienne, qui s’établit à un niveau élevé de 35,4 millions de tonnes.

Cette tendance n’est cependant pas durable. La Compagnie Nationale d’Approvisionnement, dont la mission est de comptabiliser la production brésilienne de cannes à sucre, anticipe une baisse des récoltes 2017/2018 de 1,5%. A cela s’ajoutent des problèmes de récoltes internes en Inde et en Europe. Ces deux régions du monde connaissent des difficultés de production, en raison de conditions météorologiques défavorables, et devraient être contraintes d’augmenter leurs importations de sucre pour satisfaire une demande croissante. Ces éléments militent ainsi en faveur d’une stabilisation des cours, voire d’une augmentation de la backwardation.

Il conviendra de surveiller l’évolution du real brésilien, et plus particulièrement la paire USD/BRL. Effectivement, une dépréciation du real face au dollar permettrait de soutenir les exportations brésiliennes de sucre. En outre, il ne faudra pas négliger la législation entourant le bioéthanol, la canne à sucre servant de base à sa production. Une augmentation du prix de l’éthanol, via une augmentation des taxes par exemple, inciterait les producteurs de cannes à sucre à céder leurs récoltes aux raffineurs plutôt qu’à l’industrie sucrière.

Graphiquement, en données hebdomadaires, la tendance est baissière. En effet, les pics et les creux observés depuis fin 2016 sont descendants. De plus, les prix évoluent largement sous les moyennes mobiles à 20 et 50 semaines. En revanche, le niveau de survente actuel, associé au contact d’un support de moyen terme et d’une oblique descendante (436 USD) constituent des éléments propices à une relance graphique.
Au regard de la tendance de fond, il est préférable d’attendre un franchissement haussier du point intermédiaire des 463 USD pour envisager des ouvertures de postions longues afin de viser 500 USD. Un stop de protection sera placé sous les récents plus bas, en cas de poursuite de la tendance de fond.