(Actualisé avec bombardement à Tripoli, Conseil de sécurité)

BENGHAZI, Libye, 4 mars (Reuters) - Deux avions ont bombardé mercredi l'aéroport de Zentane, ville de l'ouest de la Libye contrôlée par des forces alliées au gouvernement d'Abdallah al Thinni, seul reconnu par la communauté internationale, ont annoncé des responsables locaux.

Les forces fidèles au gouvernement d'Abdallah al Thinni ont à leur tour bombardé l'aéroport de Tripoli, que contrôle le gouvernement parallèle, là encore sans provoquer de dégât majeur, selon une source aéroportuaire.

A Zentane, la piste n'a pas été touchée mais l'attaque a endommagé des installations électriques.

"Deux avions de combat MiG ont visé la piste mais ont raté leur cible. Ils ont pourtant touché le système d'éclairage, ce qui va nous obliger à suspendre les vols à la tombée de la nuit", a déclaré un responsable de l'aéroport, Omar Matoug. "Pour l'instant, l'aéroport fonctionne normalement."

Après deux jours de combats, des miliciens islamistes ont pris mardi le contrôle des deux champs pétroliers d'Al Bahi et d'Al Mabrouk, à 200 km au sud de Syrte.

Selon Ali al Hassi, chargé de la protection des sites pétroliers par le gouvernement Thinni, les installations, à l'arrêt depuis plusieurs semaines, ont été détruites dans les affrontements et la lutte se poursuit pour le contrôle d'un troisième gisement, Al Dahra.

"Nous ferons mouvement demain pour reprendre les champs pétroliers", a-t-il assuré. "Celui d'Al Dahra est toujours entre nos mains."

Mardi toujours, un avion appartenant aux forces du gouvernement de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale, a bombardé les ports pétroliers de Ras Lanouf et Es Sider, sans faire de dégâts importants.

Deux gouvernements et deux parlements se disputent le contrôle de la Libye depuis l'été dernier, lorsque les miliciens de l'"Aube libyenne" ont pris le contrôle de Tripoli, la capitale.

Le gouvernement Thinni et la Chambre des représentants élue en juin dernier ont trouvé refuge dans l'est du pays.

A Tripoli, l'"Aube libyenne" a formé un gouvernement rival et rétabli l'ancien parlement, le Congrès général national (CGN).

Les Nations unies ont annoncé la reprise dans le courant de la semaine au Maroc des pourparlers de paix entre les différents groupes libyens, les autorités libyennes reconnues par la communauté internationale ayant décidé de revenir à la table des négociations.

La Chambre des représentants installée à Tobrouk avait suspendu il y a une dizaine de jours sa participation aux discussions après un double attentat suicide revendiqué par l'Etat islamique qui avait fait 45 morts le 20 février à Koubbah, dans l'est du pays.

Devant le Conseil de sécurité des Nations unies, l'envoyé spécial de l'Onu en Libye, Bernardino León, a prévenu que l'Etat islamique ne reculerait devant rien pour y renforcer sa présence.

"Il ne fait pour moi aucun doute que les groupes terroristes, comme l'Etat islamique, ne reculeront devant rien pour tenter de jouer leur carte et d'exploiter les divisions politiques afin de consolider leur présence et leur influence en Libye", a-t-il dit mercredi devant les représentants des 15 pays membres du Conseil de sécurité.

La communauté internationale doit être prête à soutenir les efforts des Libyens pour éradiquer le terrorisme et l'extrémisme, a-t-il ajouté. "Nous devons prendre garde à ne pas sous-estimer l'urgence qui justifie de solliciter un soutien international pour répondre à la question de la menace terroriste." (Ayman Al-Warfalli avec Ahmed Elumani à Tripoli,; Guy Kerivel et Nicolas Delame pour le service français, édité par Tangi Salaün)