"Même s'il se veut le défenseur d'une ligne dure face au Royaume-Uni , François Hollande a peut-être rassuré les banquiers de la City mardi lors de la réunion des chefs d'Etats européens. Le président français a évoqué l'accès des entreprises britanniques au marché unique après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

"Pour accéder au marché intérieur, il faut respecter les quatre libertés de circulation, des biens, des capitaux, des services et des personnes et il ne sera pas possible pour le Royaume-Uni, quelles que soient les options qu'il choisira, de pouvoir accéder au marché intérieur sans l'application de cette règle, de ces libertés". "De la même manière, pour accéder au marché intérieur européen, il faut contribuer au budget européen, c'est ce que fait un pays comme la Norvège", possible modèle pour les futures relations avec le Royaume-Uni après sa sortie de l'UE, a précisé le chef de l'Etat devant la presse. Ces propos ont fait réagir Jean-Christophe Lagarde, député UDI interviewé mercredi sur France Info. "Ca veut dire en clair, si vous payez, comme la Norvège, si vous acceptez d'ouvrir vos marchés, vous restez de fait dans l'Union européenne mais vous n'avez plus les contraintes de l'Union européenne. C'est inacceptable", a-t-il commenté.

Le maintien éventuel de l'accès privilégié du Royaume-Uni au marché européen a fait également réagir les banques et sociétés de gestion françaises. Pour l'association Paris Europlace qui défend les intérêts de l'industrie financière tricolore "le Royaume-Uni, en dehors de l’Union Européenne, n’appartient plus au marché unique européen et doit être considéré comme un pays tiers. De ce fait, il doit perdre le bénéfice du passeport européen pour l’accès aux marchés financiers". La place de Paris espère ainsi tirer profit du Brexit en récupérant une partie des activités financières aujourd'hui basées à Londres (voir notre article).

François Hollande s'est certes montré moins catégorique. Si les Britanniques ne respectent pas les conditions qu'il a citées, "ils n'auront plus l'accès au marché intérieur et la City qui, grâce à la présence du Royaume-Uni dans l'Union européenne, pouvait faire des opérations de compensation en euro, alors même que le Royaume-Uni n'est pas membre de la zone euro, ne pourra plus les faire", a-t-il martelé. Or ces exigences sont loin d'aller de soi pour les Britanniques. Les principaux arguments de la campagne en faveur du "Brexit" étaient justement la possibilité d'entraver les flux migratoires (y compris en provenance de l'Union européenne) et de mettre fin à la contribution jugée exorbitante au budget de l'UE.
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