PETROPAVLOVSK-KAMCHATSKY, Russie, 18 mars (Reuters) - Les électeurs russes ont commencé à se rendre aux urnes dans l'extrême-est du pays pour une élection présidentielle qui semble gagnée d'avance pour le président sortant, Vladimir Poutine.

La seule véritable inconnue du scrutin réside dans le taux de participation.

A Petropavlovsk-Kamchatsky, sur la côte pacifique russe, les bureaux de vote ont ouvert à 20h00 GMT et les opérations de vote cesseront 22 heures plus tard à Kaliningrad, l'enclave russe bordant la mer Baltique.

Les derniers sondages accordent à Vladimir Poutine près de 70% des intentions de vote, 10 fois plus que son adversaire le plus proche. Si un nouveau mandat lui était effectivement accordé, sa longévité au pouvoir approcherait le quart de siècle, une durée que seul Staline a dépassée.

Beaucoup de Russes mettent à son crédit la restauration d'une puissance qui s'était évanouie après l'effondrement de l'URSS et le conflit qui s'est récemment ouvert avec Londres n'a en rien entamé sa popularité.

D'ailleurs, pour une vaste majorité d'entre eux, il n'existe pas d'alternative à Vladimir Poutine. Son emprise sur la scène politique est totale et les médias officiels, principale source d'information de la population, accordent peu d'importance à l'opposition.

"Il est notre président. Nous sommes fiers de lui", explique Marianna Shanina, habitante de la Crimée, une région annexée par la Russie il y a quatre ans au détriment de l'Ukraine.

"Nous lui souhaitons de l'emporter. Toute notre famille votera pour Poutine", ajoute-t-elle.

Le 9 mars, un sondage de l'institut public VTsIOM accordait à Poutine 69% d'intentions de vote alors que son adversaire le plus proche, le candidat du Parti communiste Pavel Groudinine, n'en recueillait que 7%.

Alexeï Navalny, le seul opposant à avoir publiquement affronté le maître du Kremlin, n'a pas eu le droit de se présenter devant les électeurs.

Il a appelé ses partisans à boycotter le scrutin, qu'il qualifie de farce antidémocratique, et les a encouragés à se déployer dans le pays pour collecter des preuves des fraudes qui ne manqueront pas, selon lui, d'entacher l'élection.

Certains responsables du Kremlin redoutent en privé une large abstention, de nombreux Russes jugeant l'élection jouée d'avance. Or, une faible participation pourrait affaiblir l'autorité de Vladimir Poutine au cours de son nouveau mandat, le dernier selon la Constitution.

"Il n'y a aucun suspense. Je vois pas pourquoi j'irai voter", explique Alexeï Khvorostov, un habitant de Krasnodar, localité du sud de la Russie.

Dans une allocution diffusée vendredi par la télévision publique, Vladimir Poutine a déclaré aux électeurs que le destin de leur pays était entre leurs mains.

"C'est pour cela que je vous demande de vous rendre dans les bureaux de vote, dimanche, utiliser le droit qui est le vôtre de choisir un avenir pour la grande Russie que nous aimons", a-t-il dit. (Christian Lowe, Nicolas Delame pour le service français)