PARIS, 29 juin (Reuters) - Le système d'écoutes mis en place par les Etats-Unis pour espionner la France a permis de collecter des renseignements au plus haut niveau de l'Etat sur les affaires économiques, notamment les contrats à l'export, rapportent Libération et Mediapart lundi.

Les deux médias diffusent une nouvelle série de documents mis au jour par Wikileaks, selon lesquels les anciens ministres de l'Economie François Baroin (2011-2012) et Pierre Moscovici (2012-2014) ont été écoutés.

Des fonctionnaires ont également été ciblés par la National Security Agency, notamment un haut responsable du Trésor chargé de la politique commerciale, précisent Libération et Mediapart.

Surtout, ils publient une note secrète, partagée par les Etats-Unis avec leurs alliés australien, canadien, britannique et néo-zélandais, qui requiert une information quasiment systématique sur les contrats à l'export.

Une première note, de 2002, définit les domaines d'intérêt, qui s'avèrent vastes : des relations économiques avec les Etats-Unis aux relations avec les institutions financières internationales en passant par les développement macro-économiques ou les questions liés aux G8 et G20.

Le huitième titre de cette note s'intitule "contrats à l'étranger/études de faisabilité/négociations".

Son objet détaillé, tel que rapporté, suggère que compte tenu du plancher de 200 millions de dollars à partir duquel un contrat potentiel est jugé intéressant, la quasi-totalité des affaires peuvent faire l'objet d'un câble de renseignement.

"Rapporter toute proposition de contrats français ou d'études de faisabilité et de négociations imminents concernant des ventes ou des investissements internationaux dans des projets d'envergure ou des systèmes d'intérêt significatif pour le pays étranger hôte, ou 200 millions de dollars ou davantage en ventes et ou en services, comprenant le financement d'informations ou de projets de haut intérêt", dit la note.

Les domaines d'activité visés sont très larges : information et télécommunications, énergies, transports, environnement et santé, dont les biotechnologies.

"Toutes les informations recueillies sont ensuite partagées avec les principales administrations américaines: département de la Sécurité intérieure, département du Commerce, département de l'Energie, agence de renseignement de la Défense, Réserve fédérale, Trésor et même commandement des forces américaines en Europe", souligne Libération.

Le quotidien dit avoir appris de l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'information qu'une centaine d'entreprises hexagonales entrent dans les critères définis par la NSA, dont la quasi-totalité de celles cotées au CAC40.

La semaine dernière, la première série de révélations de Wikileaks, Mediapart et Libération avait montré que la NSA avait espionné les présidents français Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, ainsi que leurs entourages.

Le président américain Barack Obama avait assuré à son homologue français que les Etats-Unis respectaient désormais l'engagement pris en 2013 de ne plus écouter les Français.

(Gregory Blachier, édité par Tangi Salaün)