(Actualisé avec réaction russe)

STRASBOURG, 28 janvier (Reuters) - L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a ratifié les pouvoirs de la délégation russe, mercredi à Strasbourg, tout en maintenant partiellement la suspension de ses droits de vote, en réaction au soutien apporté par Moscou aux séparatistes ukrainiens.

Bien que les sanctions soient atténuées par rapport à la suspension totale des droits de vote décidée en avril dernier, au lendemain de l'annexion de la Crimée, les parlementaires russes ont aussitôt annoncé leur départ.

"Nous avions informé nos collègues que si nos droits de vote ou le droit d'être représenté dans les instances dirigeantes étaient suspendues, même pour une courte période, la délégation quitterait la session et ne participerait plus aux travaux de l'Assemblée jusqu'à la fin 2015", a dit à la presse le président de la délégation russe, Alexei Puchkov.

Les pouvoirs de la délégation russe avaient été contestés lundi à l'ouverture de la session 2015 par un conservateur britannique, Robert Walter, appuyé par trente élus appartenant à au moins cinq délégations nationales, comme le veut le règlement de l'Assemblée.

"Afin de favoriser le dialogue avec la Fédération de Russie, l'Assemblée décide, pour l'instant, de ratifier les pouvoirs de la délégation russe", souligne la nouvelle résolution adoptée par 160 voix contre 42 et onze abstentions.

Un amendement émanant des groupes conservateur, libéral et démocrate-chrétien, a cependant alourdi les sanctions très symboliques initialement prévues, éloignant de facto toute perspective d'un retour des Russes autour de la table.

Pour "exprimer clairement qu'elle condamne la poursuite des graves violations du droit international commises par la Fédération de Russie en Ukraine", l'Assemblée les prive de leur droit de vote en commission permanente, au bureau de l'Assemblée et au sein du comité des présidents.

La version initiale prévoyait uniquement qu'ils ne puissent être désignés rapporteurs d'un projet de résolution, membre d'une commission d'observation des élections ou représenter l'Assemblée auprès d'autres instances ou institutions.

Ces restrictions seront réexaminées lors de la prochaine réunion plénière, en avril à Strasbourg au vu de la réponse de la Russie aux demandes de l'Assemblée.

A contrario, les pouvoirs de la délégation russe pourraient être annulés en juin si "aucune avancée n'est constatée" concernant la mise en oeuvre de l'accord de Minsk - sur un cessez-le-feu entre troupes gouvernementales et séparatistes prorusses - et le retrait des forces russes de l'est de l'Ukraine.

L'Assemblée demande également à la Russie de retirer ses troupes du territoire ukrainien et de cesser d'apporter son soutien aux insurgés.

Elle exige enfin la libération de Nadia Savtchenko, lieutenant de l'armée ukrainienne détenue en Russie où elle est accusée de meurtre, qui a été élue députée au parlement ukrainien et incluse, à ce titre, au sein de la délégation ukrainienne envoyée à Strasbourg. (Gilbert Reilhac, édité par Marine Pennetier)