par Jan Strupczewski et Crispian Balmer

ROME, 25 mars (Reuters) - Les dirigeants européens se sont réunis samedi à Rome pour célébrer le soixantième anniversaire du traité fondateur de l'Union et tenter de relancer une dynamique fragilisée par le Brexit et par le regain nationaliste perceptible sur le Vieux continent.

Ce sommet se déroule sous l'étroite surveillance des forces de l'ordre italiennes qui redoutent les débordements des manifestants hostiles à l'Union et s'organisent pour prévenir tout risque d'attaque terroriste quelques jours après l'attaque de Westminster.

Les 27 dirigeants européens se sont rassemblées au Palais de Campidoglio où a été signé le Traité de Rome le 25 mars 1957, en l'absence de la Première ministre britannique, Theresa May, qui s'apprête à adresser au président du Conseil, Donald Tusk, un courrier l'informant du déclenchement des procédures ouvrant le processus de sortie du Royaume-Uni.

Samedi, Donald Tusk, ancien Premier ministre polonais, a évoqué devant les dirigeants européens sa jeunesse dans la ville polonaise de Gdansk, dernière le Rideau de fer, et rappeler ainsi le chemin parcouru par l'Union. Ils les a priés de ne pas entraîner le projet européen dans des querelles intestines et de lui éviter de sombrer dans la bureaucratie.

"Pourquoi perdre aujourd'hui confiance dans le projet de l'unité ? Est-ce parce qu'il est devenu réalité ? Ou parce que nous nous en sommes lassés ?", a-t-il demandé, s'adressant implicitement au gouvernement au pouvoir à Varsovie, conservateur et résolument eurosceptique.

"L'Europe en tant qu'entité politique sera unie ou ne sera pas. L'unité de l'Europe n'est pas un modèle bureaucratique, c'est un socle de valeurs communes et de normes démocratiques."

Après deux jours de négociations serrées, les 27 signeront peu avant midi (11h00 GMT), une déclaration célébrant la paix et l'Unité.

"Nous sommes unis pour le meilleur", conclut le texte. "L'Europe est notre avenir commun."

Ce texte risque toutefois de décevoir ceux qui estiment que l'Union doit faire preuve de davantage d'ambition et de coordination pour relancer le projet européen.

Dans la déclaration de Rome, les 27 s'engagent à écouter les citoyens, alors qu'à quelques centaines de mètres de là, des milliers de manifestants exprimeront leur hostilité au sommet.

Parmi eux, Ernesto Rapani, membre de la formation eurosceptique Fratelli d'Italia qui accuse le bloc d'être sous domination allemande.

"A l'heure actuelle, l'Union est un avantage pour l'Allemagne, pas pour l'Italie", estime-t-il.

Vendredi au Vatican, le pape François a appelé les Européens à défendre l'Union et à ne pas laisser s'installer un "vide des valeurs". (Nicolas Delame pour le service français)