"Des chercheurs qui cherchent, on en trouve…mais des chercheurs qui trouvent, on en cherche". Cette phrase assassine semble avoir trouvé son illustration dans les statistiques récentes : alors que les dépenses en recherche et en développement augmentent à un rythme élevé aux Etats-Unis, les gains de productivité des entreprises affichent un misérable 0,5%, observe Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet Asset Management.

Pourtant, des chercheurs qui trouvent, on en trouve : le logiciel DeepMind vient de battre le champion du monde de Go, jeu éminemment complexe ; une nouvelle génération de robots collaboratifs, les cobots, est en train d'intégrer les usines ; le robot chirurgical DaVinci permet désormais de procéder à des opérations complexes à distance.

Mais alors, si les chercheurs trouvent, pourquoi la productivité progresse-t-elle si peu?

En mettant sur un même graphique dépense de R&D et gains de productivité, le conseiller en stratégie d'investissement montre qu'il faut attendre environ cinq années pour que les efforts de recherche et développement se traduisent en gains de productivité. Selon lui, il est donc assez probable que l'apathie que nous connaissons ces dernières années sur la productivité soit en réalité la conséquence des coupes dans les dépenses de recherche qui ont suivi la crise de 2008. Depuis, ces dépenses se sont redressées. Les gains de productivité devraient donc retrouver de la vigueur.

Et, si les progrès de la robotique, de l'intelligence artificielle ou encore de la médecine sont aussi révolutionnaires que le pressentent les équipes de Pictet, le monde devrait connaître dans les années qui viennent un salutaire choc d'innovation, assure Frédéric Rollin. Les entreprises innovantes, dans la robotique et dans la communication digitale notamment, en bénéficieront en premier.