Si les analystes jugent cette hypothèse comme la plus probable, c'est que les deux autres acteurs majeurs, Heineken et Carlsberg, sont contrôlés respectivement par une famille et une fondation.

L'hypothèse d'une union entre Anheuser-Busch InBev et SABMiller n'est pas neuve, mais elle a été reléguée au second plan l'an dernier avec le rachat du mexicain Grupo Modelo par ABI pour 20,1 milliards de dollars.

Aujourd'hui, Anheuser-Busch InBev est aujourd'hui en bonne voie pour retrouver dès l'année prochaine un ratio dette/Ebitda inférieur à deux, comme c'était le cas avant le rachat de Grupo Modelo, ce qui permet d'envisager de nouveau un mariage de ses principales marques, Stella Artois et Budweiser, avec Peroni et Grolsch, perles du portefeuille de SABMiller.

"La question c'est plutôt de savoir 'quand' que 'si' cela se produira", a déclaré un banquier spécialiste du secteur sous le sceau de l'anonymat.

L'ASIE TROP CHÈRE

Brasseur belge aux racines médiévales, Anheuser-Busch InBev est peu à peu devenu un mastodonte multinational de la bière avec un portefeuille de marques évalué à 17 milliards de dollars et une équipe dirigeante dominée par des Brésiliens et installée à New York.

Les cibles qui restent à sa disposition sont pour l'essentiel implantées en Asie mais pour la plupart, elles ont un actionnariat familial verrouillé ou sont sous le contrôle de l'Etat, des spécificités qui ne permettent pas d'espérer un rachat sans avoir à débourser prime importante.

S'emparer de SABMiller ne se fera pas non plus à vil prix mais de nombreux analystes estiment qu'il s'agit de la voie la plus simple pour grandir, puisque les obstacles antitrust devraient être facilement levés et qu'une telle union aurait un impact positif immédiat sur les bénéfices.

"Si vous concluez un accord avec, disons, ThaiBev, ça ne va pas changer grand chose. Si vous le faites avec SAB, ce sera un vrai coup de pouce", estime Andrew Holland, analyste de Société Générale.

Anheuser-Busch InBev est actuellement numéro un du marché de la bière en Amérique du Nord, au Mexique et au Brésil. SABMiller, de son côté est très présent sur les marchés latino-américains comme la Colombie et le Pérou, ainsi qu'en Afrique du Sud, où il est présent depuis 1895.

ALLER VITE

Les principales difficultés sur le front concurrentiel devraient se situer en Chine et aux Etats-Unis, où la part de marché d'Anheuser-Busch InBev est proche de 50% et celle de SABMiller proche de 25%.

Pour convaincre les autorités américaines, il faudrait sans doute que SABMiller cède sa participation dans la coentreprise MillerCoors formée avec Molson Coors.

En Chine, les autorités pourraient s'intéresser de près à la coentreprise de SAB et Snow, numéro un du marché chinois, ainsi qu'aux différents partenariats locaux noués par Anheuser-Busch InBev.

Il pourrait également y avoir quelques conflits dans le secteur des boissons non-alcoolisées, Anheuser-Busch InBev étant le principal embouteilleur de Pepsico en Amérique latine tandis que SABMiller joue le même rôle pour Coca-Cola dans certains pays.

Mais l'enjeu principal de cette union est évidemment celui du prix à payer par Anheuser-Busch InBev pour s'offrir SABMiller, évalué à 100 milliards de dollars (72,5 milliards d'euros).

Quel qu'il soit, un acquéreur éventuel pourrait être tenté d'agir vite pour éviter que le prix de sa cible ne s'envole. Il devra également garder en tête qu'un durcissement de la politique monétaire américaine, qui interviendra probablement l'année prochaine, risque de faire grimper les taux d'intérêt et de renchérir le financement de l'opération.

Personne chez Anheuser-Busch InBev ou SABMiller n'a accepté de commenter ces questions.

Nicolas Delame pour le service français, édité par Marc Angrand

par Philip Blenkinsop et Martinne Geller

Valeurs citées dans l'article : HEINEKEN, Carlsberg A/S, ANHEUSER-BUSCH INBEV, SAB, SABMiller plc