(Actualisé après le discours de Quim Torra et réaction de Madrid)

MADRID, 4 septembre (Reuters) - Les séparatistes catalans ont repris mardi l'offensive politique en vue d'obtenir l'indépendance de leur riche région du nord-est de l'Espagne et rejeté la proposition de Madrid d'organiser un référendum sur une autonomie élargie, insuffisante à leurs yeux.

Le nouveau président de l'exécutif régional, Quim Torra, a présenté en fin de journée, lors d'un discours à Barcelone, la feuille de route de son gouvernement.

"Le mandat du 1er octobre est en vigueur et nous travaillons à sa mise en oeuvre", a déclaré le président de la Généralité, par allusion à la victoire du "oui" à l'indépendance lors du référendum du 1er octobre 2017.

Pour Quim Torra, "seul un référendum d'autodétermination accepté, contraignant et reconnu internationalement pourra renouveler ce mandat".

Le vote du 1er octobre, jugé anticonstitutionnel par Madrid, a abouti le 27 octobre à une proclamation unilatérale d'indépendance par le Parlement de Barcelone et à la mise sous tutelle de la Catalogne par le gouvernement central.

Dès son arrivée au pouvoir en juin dernier, le président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, a adopté envers les séparatistes un ton plus modéré que son prédécesseur conservateur Mariano Rajoy.

Il a levé la tutelle que Madrid exerçait sur la Catalogne depuis l'automne dernier.

Pour faire adopter son projet de budget et éviter des élections législatives anticipées au printemps prochain, il espère obtenir le soutien des partis séparatistes catalans.

Pedro Sanchez a proposé lundi un référendum sur une autonomie élargie mais fermement exclu tout nouveau référendum sur l'indépendance ou toute tentative unilatérale de sécession.

UNE SEMAINE AVANT LA "DIADA"

Quim Torra a pris ses fonctions en mai dernier. Il remplace l'ancien président catalan Carles Puigdemont, destitué par Madrid et qui s'est exilé en Belgique après la proclamation d'indépendance de la Catalogne en octobre dernier.

Le nouveau chef de l'exécutif catalan a jugé "intéressante" la proposition de Pedro Sanchez mais réclamé des négociations sur des sujets comme la détention d'indépendantistes catalans pour rébellion.

"Nous écouterons toujours tout le monde, mais nous ne renoncerons jamais à notre droit à l'autodétermination", a déclaré Quim Torra.

A l'issue de son discours, la porte-parole du gouvernement de Madrid, Isabel Celaa, a déclaré que son gouvernement était ouvert au dialogue mais ajouté que Quim Torra ne s'adressait pas à l'ensemble des Catalans.

"Le dialogue, oui. Et des négociations. Mais sur des sujets qui unissent tous les Catalans", a-t-elle dit à la presse.

Lors du référendum du 1er octobre 2017, l'indépendance a été votée à plus de 90% des voix mais seuls 43% des électeurs inscrits se sont prononcés.

L'allocution très attendue de Quim Torra, baptisée "Notre moment", est intervenue une semaine avant la fête nationale catalane, la "Diada", qui attire traditionnellement des dizaines de milliers de personnes dans les rues.

Neuf hommes politiques et militants associatifs catalans sont en détention provisoire dans l'attente de leur procès, accusés de rébellion pour leur participation à l'organisation du référendum du 1er octobre.

Leur procès devrait débuter en octobre.

(Sonya Dowsett; Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)