Paris (awp/afp) - Les inégalités de revenus et de patrimoine se sont fortement creusées dans le monde au cours des dernières décennies, en particulier aux Etats-Unis, selon un rapport international publié jeudi, qui précise que cette évolution a avant tout pénalisé les classes moyennes.

Depuis 1980, "les inégalités ont augmenté dans presque toutes les régions", souligne ce "Rapport sur les inégalités mondiales 2018", qui compare de façon inédite la répartition des richesses au niveau mondial et son évolution depuis près de quatre décennies.

Ce phénomène s'est cependant développé "à des rythmes différents" selon les régions, précise le document, qui fait état d'une forte hausse des inégalités aux Etats-Unis, mais aussi en Russie et en Chine, pays dont les économies se sont fortement libéralisées au cours des années 1990.

Selon le rapport piloté notamment par Lucas Chancel, de la Paris School of Economics (PSE), et Thomas Piketty, auteur du best-seller "Le Capital au XXIe siècle", la part du revenu national allant aux 10% des contribuables les plus aisés est ainsi passé de 21% à 46% en Russie et de 27% à 41% en Chine entre 1980 et 2016.

Aux Etats-Unis et au Canada, ce taux est passé de 34% à 47%, tandis que l'Europe a connu une hausse "plus modérée" (de 33% à 37%). "Au Moyen-Orient, en Afrique sub-saharienne et au Brésil, les inégalités sont restées relativement stables", mais "à des niveaux très élevés", précise en outre le rapport.

En 2016, le podium des régions et pays les plus inégalitaires était formé par le Brésil (55% du revenu national détenu par les 1% les plus aisés), l'Inde (55%) et le Moyen-Orient (61%), qui dessine selon les auteurs un "horizon d'inégalités" à l'échelle mondiale.

Dans cette région, les inégalités sont "sans doute sous-estimées", souligne en outre le rapport, qui évoque une contradiction entre les statistiques officielles des pays du Golfe et "certains aspects de leur politique économique", comme "le recours croissant à des travailleurs étrangers peu payés".

Tous pays confondus, la hausse des inégalités s'est traduite par une perte de vitesse de la classe moyenne mondiale, dont "la croissance du revenu a été faible".

Les 1% d'individus les plus riches "ont profité deux fois plus" de la croissance "que les 50% d'individus les plus pauvres", mais "ces 50% du bas ont bénéficié de forts taux de croissance, alors que la classe moyenne mondiale a vu la croissance de son revenu comprimée", insistent les chercheurs.

afp/al