L'ampleur et la rapidité de la chute peuvent pousser des investisseurs à se positionner sur le titre dans l'espoir d'un rebond, qui est toutefois rarement rapide quand il se produit.

L'action Volkswagen a chuté de près de 30% depuis la révélation en fin de semaine dernière des accusations de tromperie sur les tests d'émission de ses véhicules diesel aux Etats-Unis, qui exposent le constructeur à des amendes pouvant atteindre 18 milliards de dollars (16,1 milliards d'euros).

Certains gérants de portefeuille traditionnels, qui investissent avec un horizon de placement de deux à trois ans voire plus, estiment que l'action VW a déjà tellement baissé qu'elle ne peut que rebondir à l'avenir.

Tout en reconnaissant que la situation chez VW est grave, les analystes de Bernetin estiment dans une note que "la réalité est que VW se remettra." D'autres sont plus prudents et Deutsche Bank a qualifié la situation de "cauchemar pour les investisseurs."

Beaucoup de ceux qui avaient acheté des titres BP peu après leur décrochage dans la foulée de l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon en ont été pour leurs frais. Le titre s'est certes repris par rapport à ses plus bas mais il n'a jamais retrouvé ses niveaux d'avant la catastrophe, se traitant en moyenne 30% en dessous.

"Je me suis brûlé les doigts avec BP en 2010 parce que je l'ai d'abord acheté sur les plus bas. Aussi avec Volkswagen, je recommanderais d'être vendeur et de vendre à chaque fois que le titre se reprend", a dit Basil Petrides, vendeur actions chez Beaufort Securities.

Les coûts juridiques auxquels BP était exposé aux Etats-Unis constituaient l'une des incertitudes majeures mais beaucoup d'analystes avaient alors estimé que le plongeon de l'action représentait une bonne opportunité d'achat.

DIVERSIFICATION ET RÉACTIVITÉ

Une semaine après l'explosion, Goldman Sachs estimait que la réaction du marché était "excessive". Une semaine plus tard, Exane BNP Paribas écrivait à son tour dans une note que "la chute de 30 milliards de dollars de la capitalisation boursière de BP était excessive" et qu'une provision de 10 milliards de dollars serait suffisante.

La facture totale de la catastrophe pour BP est désormais estimée à 60 milliards de dollars et pendant les trois mois au cours desquels du pétrole a continué de s'échapper du puits, les analystes ont été à la peine pour évaluer les conséquences et modifier leurs prévisions.

Des cas comme celui de VW ou de BP sont l'occasion de rappeler quelques règles de base comme la nécessaire diversification des portefeuilles et l'importance de la réactivité, soulignent gérants et traders.

Pour Paul Munford, gérant chez Cavendish Asset Management, il est critique qu'aucune valeur n'ait un poids trop important dans le portefeuille de sorte que si son cours s'effondre, la performance d'ensemble du fonds ne soit pas complétement plombée.

Colin McLean de SVM Asset Maangement recommande d'acheter les titres de concurrents de l'entreprise en pleine tourmente, pariant qu'ils apparaîtront de toute façon en meilleure posture.

Munford a dit avoir aussi acheté des actions du groupe d'ingénierie Senior , dont les technologies diesel aident les constructeurs automobile à respecter les règles en matière d'émissions, en pariant que son savoir serait désormais d'autant plus prisé.

La réactivité est encore plus importante dans de telles circonstances. Pour Darren Sinden d'Admiral Markets, les vendeurs à découvert qui parient sur une poursuite de la baisse du titre VW pourraient être pris à revers si un concurrent décidait de lancer une offre sur un VW affaibli ou si Porsche qui en est déjà actionnaire venait à se renforcer.

Pour Poebus Theologites, cofondateur de SteppenWolf Capital, vendre les actions VW à découvert est désormais trop risqué et il recommande plutôt de se positionner sur les swaps de dérivés de crédit (CDS) des constructeurs automobiles européens dans la perspective d'une contagion aux concurrents de VW.

Tous s'acccordent toutefois à dire qu'il est très difficile de prévoir quand VW touchera le fond et verra la fin de ses problèmes.

"La façon dont je vois ces choses, c'est que même la plus grande des entreprises peut se retrouver dans l'impasse", résume Munford.

(avec la contribution de Tom Bergin, Tricia Wright et Danilo Masoni, Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Sudip Kar-Gupta et Vikram Subhedar

Valeurs citées dans l'article : Volkswagen AG, Porsche Automobil Holding SE, Senior plc, BP plc