Paris (awp/afp) - Entre les multiples foyers de tensions politiques, notamment en Italie, et les indicateurs clés attendus, les marchés européens seront guettés par la crise de foie la semaine prochaine.

Emploi aux États-Unis, chiffres d'activités en Chine, inflation et climat des affaires en zone euro... Comme à chaque passage d'un mois à un autre, l'agenda macroéconomique est très étoffé, et ce malgré la fermeture de Wall Street et de la Bourse de Londres lundi.

"Toutes ces données vont être très importantes compte tenu du creux qu'a connu la croissance au premier trimestre", estime auprès de l'AFP Isabelle Mateos y Lago, directrice générale au BlackRock Investment Institute.

"Ces chiffres seront donc l'occasion de voir la direction que prend l'économie mondiale. Si la majorité des investisseurs estiment que le ralentissement du début d'année est lié à des facteurs temporaires, tous attendent d'en avoir la confirmation", développe-t-elle.

Autant d'éléments qui pourraient, selon Mme Mateos y Lago, conduire les marchés européens à "rester attentistes", le temps de tout analyser.

Ces publications conséquentes viendront s'ajouter aux nombreux dossiers politiques que les investisseurs suivent avec attention ces derniers temps, que ce soit l'arrivée d'une nouvelle coalition gouvernementale antisystème en Italie ou les relations compliquées entre l'exécutif américain et la Chine, l'Iran ou encore la Corée du Nord.

"La suite des feuilletons italien, iranien ou encore coréen animeront la semaine prochaine et cela rend la photo globale des marchés plus difficile à analyser", souligne auprès de l'AFP François Rimeu, stratégiste du groupe La Française.

- Quel ministre des Finances italien? -

Après que le nouveau chef du gouvernement italien Giuseppe Conte a entamé des consultations pour composer son équipe, qui fait l'objet d'âpres négociations entre le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite), l'Italie devrait rester tout particulièrement au coeur des préoccupations des investisseurs dans les jours à venir.

"La question clé du point de vue des marchés est désormais de savoir qui va être choisi comme ministre des Finances", observe Mme Mateos y Lago, en notant que parmi les noms évoqués, "il y a un spectre extrêmement large de positionnement notamment sur ce qui concerne l'appartenance à la zone euro".

"La situation en Italie a déjà été clairement le dossier important de la semaine", juge M. Rimeu. "Et cela a eu un impact très fort sur certaines classes d'actifs: toutes les valeurs bancaires ont ainsi beaucoup souffert depuis une dizaine de jours."

"Les marchés ont commencé ces derniers jours à prendre conscience que contrairement à la majorité des attentes, le pays va avoir un gouvernement populiste", relève Mme Mateos y Lago.

"Ils essayent de cerner qui sont ces nouveaux responsables politiques, pour la plupart inconnus, et ce que cela implique pour le pays et l'Europe", analyse-t-elle.

Les investisseurs ont également réalisé que la trêve annoncée entre les États-Unis et la Chine sur le plan commercial n'est pas si simple à mettre en oeuvre.

Et pour couronner une semaine déjà très riche sur le plan politique, les investisseurs ont dû intégrer l'annonce de l'annulation de la rencontre entre le président américain Donald Trump et son homologue Nord-coréen.

La publication d'un communiqué rassurant de la Réserve fédérale américaine, ou l'euro toujours faible, n'ont pas suffi à compenser ces sources d'inquiétudes.

Les places européennes ont donc commencé la semaine sur les chapeaux de roue, avec un record à Londres tout près des 8.000 points et un plus haut depuis mi-décembre 2007 à Paris, avant d'essuyer des pertes significatives qui ont notamment fait replonger le Dax en-dessous des 13.000 points.

"Le +bruit+ politique contrebalance la dynamique économique ce qui rend les positionnements compliqués", résume M. Rimeu.

Et, d'après lui, "cela devrait rester vrai encore un temps avant qu'il ne se dissipe".

afp/rp