Londres (awp/afp) - Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont souffert cette semaine d'une nouvelle phase de correction, sous l'effet conjugué de données économiques décevantes en provenance de Chine et des États-Unis et d'un net rebond du dollar.

Si les cours sont parvenus lundi à maintenir la tendance haussière de la fin de semaine précédente -dans un marché aux faibles volumes d'échanges en raison d'un jour férié au Royaume-Uni et en Chine- ils ont fortement décliné dès mardi, réagissant à la fois à la baisse des cours du pétrole et à de mauvais indicateurs américains et chinois.

"Les données économiques ternes (publiées en début de semaine) ont sans aucun doute (eu) un effet baissier" sur les prix, faisant craindre pour la demande de métaux de base, ont souligné les analystes de Commerzbank.

Les États-Unis et la Chine ont en effet publié lundi et mardi leurs statistiques sur l'activité dans le secteur manufacturier en avril, qui a nettement ralenti chez les deux premiers consommateurs de métaux du monde.

Mais selon les experts de Commerzbank, la baisse des cours est aussi à mettre au compte d'un mouvement de correction après la très forte progression enregistrée par les prix depuis début avril.

"Outre une aversion au risque plus grande parmi les acteurs du marché, comme en témoigne également la baisse des marchés actions, il y a sans aucun doute eu des prises de bénéfices (pesant sur les prix), étant donné que la hausse des prix précédente avait été entraînée dans une large mesure par la spéculation", ont expliqué les analystes de Commerzbank.

Par ailleurs, la nette reprise du dollar en milieu de semaine, après que le billet vert est tombé à un plus bas depuis fin août, est venue porter le coup de grâce aux métaux de base.

"Un rebond du dollar après son récent accès de faiblesse a été un autre catalyseur permettant aux vendeurs de l'emporter sur les acheteurs", ont relevé les analystes de Triland Metals.

La devise américaine a en effet bénéficié mardi en fin de journée des commentaires de deux responsables d'antennes régionales de la Réserve fédérale américaine (Fed) relançant les spéculations sur un relèvement des taux directeurs en juin, une perspective qui rend le dollar plus rémunérateur et donc plus attractif pour les investisseurs.

Mais une hausse du dollar est généralement préjudiciable aux métaux industriels, libellés dans cette devise et donc plus onéreux à l'achat pour les investisseurs munis d'autres devises.

Le cuivre renoue avec ses niveaux de début avril

Les cours du cuivre ont creusé leurs pertes cette semaine, lestés par l'essoufflement de l'activité manufacturière tant en Chine qu'aux États-Unis, mais également par un regain de vigueur du dollar.

Le prix du métal rouge est même tombé vendredi jusqu'à 4.755 dollars, au plus bas en près de trois semaines.

A plus long terme, les perspectives pour le marché du cuivre restaient en outre peu encourageantes, de nombreux analystes tablant toujours sur une offre excédentaire cette année.

Selon les analystes d'Unicredit en effet, les rapports sur la production de métal rouge au premier trimestre 2016 émanant des principaux groupes miniers montrent que l'offre croissante due à des expansions et des lancements (d'installations) a plus qu'annulé les réductions de production précédemment annoncées.

"La croissance de la production (des dix principaux groupes miniers produisant du cuivre) est sur la bonne voie pour accélérer jusqu'à 2,1% au premier trimestre 2016", ont estimé les analystes d'Unicredit.

L'étain toujours porté par le déclin des exportations indonésiennes

Exception notable au sein du complexe des métaux industriels, l'étain a poursuivi coûte que coûte sa consolidation cette semaine, après avoir connu une hausse quasi ininterrompue depuis la mi-janvier.

"L'étain est un marché particulier dont l'offre est assez tendue avec peu de producteurs. Donc il suit une logique qui est la sienne", a expliqué à l'AFP Guillaume Osouf, responsable de comptes chez Triland Metals.

Le métal, qui sert notamment à produire des soudures utilisées dans le domaine de l'électronique, bénéficie du déclin continu de l'offre indonésienne, l'archipel étant le premier producteur mondial d'étain raffiné.

"L'Indonésie n'a exporté que 16.600 tonnes d'étain sur les quatre premiers mois de l'année, un tiers de moins qu'à la même période l'an dernier", ont relevé les analystes de Commerzbank.

Selon ces derniers, l'Association des exportateurs indonésiens d'étain prévoit qu'environ 66.000 tonnes de ce métal seront exportées cette année, ce qui impliquerait toutefois que la moyenne des exportations mensuelles augmentent substantiellement durant le reste de l'année.

Du côté des autres métaux, la tonne de plomb est tombée jeudi à 1.724, 50 dollars, un minimum en plus de deux semaines tandis que la tonne de nickel a atteint le même jour 8.920 dollars et celle de zinc 1.850 dollars, au plus bas depuis plus de quinze jours également.

La tonne d'aluminium a pour sa part plongé vendredi jusqu'à 1.598 dollars, un minimum en près d'un mois.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4.789 dollars vendredi à 14H00 GMT, contre 5.026,50 dollars le vendredi précédent à 12H20 GMT.

L'aluminium valait 1.607 dollars la tonne, contre 1.673,50 dollars.

Le plomb valait 1.736 dollars la tonne, contre 1.791 dollars.

L'étain valait 17.320 dollars la tonne, contre 17.250 dollars.

Le nickel valait 9.025 dollars la tonne, contre 9.515 dollars.

Le zinc valait 1.873,50 dollars la tonne, contre 1.941,50 dollars.

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