Brexit

Londres (awp/afp) - Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont fortement décroché cette semaine, annulant vendredi la totalité des gains réalisés sur la semaine après que le Royaume-Uni a décidé de quitter l'Union européenne (UE) à l'issue d'un référendum très disputé.

Mais par rapport à d'autres marchés, notamment ceux des devises et des indices boursiers, le déclin des prix des métaux de base est resté relativement limité dans le sillage du Brexit (pour "British Exit"), qui a ravivé l'aversion au risque des investisseurs, entraînant notamment une appréciation du dollar face à l'euro et à la livre britannique.

Or le renforcement du billet vert pèse sur les achats de métaux de base, libellés dans cette monnaie et donc rendus plus onéreux pour les investisseurs munis d'autres devises.

Pourtant, "le nickel, le plus grand perdant (parmi les métaux industriels), n'a chuté +que+ de 4,5%", faisaient remarquer les analystes de Commerzbank, soulignant que les cours des métaux de base avaient en outre, depuis leurs plus bas enregistrés au cours des échanges asiatiques, annulé une partie voire la totalité des pertes enregistrées à la suite du résultat du référendum.

Vers 03H50 GMT (05H50 à Paris), alors que les dépouillements commençaient à pencher en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, l'ensemble des métaux de base ont en effet plongé, à l'image des autres matières premières, avant de toutefois se reprendre.

Autre grand perdant avec le nickel, l'étain a ainsi lâché jusqu'à 4,4% ce vendredi, tombant à 16.485 dollars, un minimum en trois semaines. Le zinc s'est pour sa part enfoncé jusqu'à 1.962 dollars, au plus bas depuis le 3 juin également.

Les autres métaux ont également nettement décliné, signant toutefois des plus bas en moins de deux semaines. Les prix "ont manifestement trouvé du soutien auprès des Bourses chinoises relativement stables qui, contrairement à la plupart des autres marchés boursiers asiatiques, n'ont quasiment pas chuté" ce vendredi, ont relevé les experts de Commerzbank, alors que la Chine est le premier consommateur mondial de métaux industriels.

Ces derniers ont ainsi estimé qu'une fois passée l'onde de choc de l'annonce du Brexit, les marchés vont se calmer et les investisseurs sans aucun doute tourner à nouveau leur attention vers les fondamentaux de l'offre et de la demande de métaux, qui "présagent selon nous d'une hausse des prix pour la plupart des métaux dans le courant de l'année".

Avant l'issue du référendum britannique, les métaux de base avaient toutefois profité d'un regain général d'appétit pour le risque sur les marchés ainsi que d'un dollar affaibli alors que les craintes de voir le Royaume-Uni sortir de l'UE semblaient s'estomper, à la faveur de plusieurs sondages menés quelques jours avant le scrutin.

Le cuivre et l'aluminium sont ainsi montés jeudi jusqu'à respectivement 4.795 dollars et 1.642,50 dollars, un maximum en sept semaines. Le nickel a de son côté grimpé jusqu'à 9.315 dollars, au plus haut depuis début mai également.

- Le cuivre plie mais ne flanche pas -

Si les cours du cuivre ont fortement décroché à mesure que la sortie du Royaume-Uni de l'UE était confirmée par le décompte des bulletins de vote, le métal rouge a toutefois largement limité ses pertes après l'arrivée des investisseurs européens sur le marché, ce qui lui a permis d'achever la semaine dans le vert.

Les fondamentaux de l'offre et de la demande semblaient en effet plaider en faveur du métal rouge alors que selon des données publiées en début de semaine par le Groupe d'étude international du cuivre (ICSG), le marché mondial du cuivre a montré, en données corrigées des variations saisonnières, un déficit de l'offre de 43.000 tonnes au premier trimestre 2016, contre un surplus de 75.000 tonnes sur la même période l'an passé, ont rapporté les analystes de Commerzbank.

Selon ces derniers, ce déficit est essentiellement imputable à une hausse de la demande, surtout en provenance de Chine, plus marquée (+7%) que la hausse de la production (+5%).

"D'après nous, l'offre ne sera pas suffisante pour répondre à la demande sur le marché mondial du cuivre cette année, en premier lieu à cause des réductions de production de grande envergure qui ont été annoncées", ont jugé les experts de Commerzbank, précisant que cela devrait soutenir les cours du cuivre à moyen terme.

- Le nickel porté par des menaces de fermetures de mines -

Avant de plonger dans le sillage du vote favorable au Brexit, le nickel a signé un nouveau plus haut en sept semaines, soutenu par des déclarations du nouveau président philippin, Rodrigo Duterte.

Ce dernier, dont le pays est le premier producteur mondial de minerai de nickel, selon le Bureau mondial des statistiques sur les métaux, a mis en garde les compagnies minières dont les installations menaceraient l'environnement qu'elles risquaient d'être fermées si elles n'étaient pas mises en conformité, ont précisé les analystes de Commerzbank.

En cas de fermeture de certaines mines, "cela resserrerait davantage un marché qui subit déjà les conséquences depuis plusieurs années de l'interdiction indonésienne d'exportation de minerai brut. L'équilibre entre l'offre et la demande sur le marché du nickel s'est aussi révélé déficitaire cette année, selon le Groupe d'étude international du nickel (INSG)", ont prédit les analystes de Triland Metals.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 4.664 dollars vendredi à 11H20 GMT, contre 4.558 dollars le vendredi précédent à 10H30 GMT.

L'aluminium valait 1.608 dollars la tonne, contre 1.614 dollars.

Le plomb valait 1.695 dollars la tonne, contre 1.706 dollars.

L'étain valait 16.945 dollars la tonne, contre 17.120 dollars.

Le nickel valait 8.935 dollars la tonne, contre 9.070 dollars.

Le zinc valait 1.990 dollars la tonne, contre 1.989,50 dollars.

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