Londres (awp/afp) - Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont connu une semaine en deux temps, s'essouflant tout d'abord après leur spectaculaire progression de la semaine précédente, avant de nettement rebondir à nouveau dès jeudi grâce à l'accès de faiblesse du dollar.

Si les cours des métaux ont subi un mouvement de correction dans la première partie de la semaine, temporisant avant la conclusion de la réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) publiée mercredi, ils sont - une fois cette échéance derrière eux -, repartis en nette hausse hausse, parvenant à annuler leurs précédentes pertes.

Selon les analystes de Commerzbank, ce premier mouvement de correction, à mettre au compte de l'important rebond enregistré par les cours depuis début avril, a été accentué par des indicateurs économiques décevants en provenance des Etats-Unis, le deuxième plus gros consommateur de métaux au monde après la Chine.

La déception provoquée mardi par l'augmentation moindre que prévu des commandes de biens durables aux États-Unis en mars et la baisse inattendue du moral des ménages dans le pays en avril ont confirmé que la croissance américaine restait poussive, ce qui est de mauvais augure pour la demande de métaux dans le pays.

"L'appétit pour le risque parmi les acteurs du marché a clairement décliné, ce qui peut également être vu à travers la chute des marchés boursiers asiatiques", ont expliqué les analystes de Commerzbank, estimant que les données économiques décevantes en provenance des Etats-Unis avaient aggravé cette tendance.

La publication jeudi d'un ralentissement plus marqué que prévu au premier trimestre de la croissance économique américaine, avec une progression de 0,5% du produit intérieur brut (PIB) contre 0,9% attendu, a conforté la prudence des investisseurs, "une croissance économique faible se traduisant sans aucun doute par une demande timide pour les métaux", selon les analystes de Commerzbank.

Plusieurs analystes ont également mentionné le fait que les métaux de base avaient souffert en début de semaine de l'annonce par le Shanghai Futures Exchange d'un relèvement à partir de cette semaine des frais de transaction sur certains produits (notamment l'acier et le minerai de fer), une mesure destinée à freiner la spéculation sur les contrats à terme impliquant ces matières premières.

L'attentisme des investisseurs a en outre été entretenu une bonne partie de la semaine par la perspective de la réunion du Comité de politique monétaire de la réserve fédérale américaine (Fed), qui s'est finalement conclu sur le statu quo monétaire qu'avait largement anticipé le marché - la banque centrale américaine semblant repousser la perspective d'une nouvelle hausse de taux d'intérêt à court terme.

Mais cette annonce, une fois digérée par le marché, a permis aux métaux de base de largement se reprendre grâce à la dépréciation du dollar qui s'en est suivie, rendant les achats de matières premières, qui sont libellées dans cette devise, moins onéreux.

- Le cuivre attend des jours meilleurs -

A en croire les analystes de Commerzbank, un rééquilibrage du marché du cuivre se profile à moyen terme, ce qui devrait permettre un rebond durable des prix fondé sur les fondamentaux de l'offre et de la demande plus que sur des facteurs monétaires.

Même si selon des données du Groupe d'étude international du cuivre (ICSG), le marché du métal rouge est resté excédentaire au début de 2016, il devrait "se resserrer sensiblement au cours de l'année - à la fois sur le front de la demande (les importations chinoises ont atteint un niveau record en mars) et sur le front de l'offre (des réductions substantielles de production ont été annoncées)", ont estimé les analystes de Commerzbank.

"Même si nous pensons que le potentiel de correction s'est accru à court terme, nous voyons le prix (du cuivre) bien soutenu à moyen et long terme", ont-ils conclu.

- Le nickel tire son épingle du jeu -

Le nickel, un métal indispensable à la fabrication de l'acier inoxydable, est parvenu à se maintenir en hausse cette semaine, bénéficiant notamment d'une prévision de déficit pour 2016, la première en cinq ans.

"Le Groupe international d'étude sur le nickel (INSG) a confirmé (mardi) son évaluation de la situation sur le marché mondial du nickel: pour la première fois en cinq ans, l'offre devrait s'afficher en deçà de la demande à nouveau en 2016. Le déficit doffre attendu a été revu à la hausse à 49.000 tonnes", ont signalé les analystes de Commerzbank.

Ainsi, plusieurs analystes ont souligné que les réductions de production, notamment une baisse de production des fontes au nickel chinoises (NPI), intervenues dans le sillage de l'effondrement des prix du nickel depuis la fin 2014, avaient commencé à porter leurs fruits, dessinant un début de rééquilibrage sur ce marché.

Un resserrement qui s'est notamment reflété, selon les analystes de Société générale, par un bond des importations chinoises de nickel raffiné au premier trimestre 2016: elles ont augmenté sur an an de 348%, à 109.000 tonnes.

De son côté, l'aluminium - à l'image du cuivre - s'est également fortement repris à partir de jeudi, atteignant même vendredi 1.676,50 dollars, un plus haut en neuf mois, tandis que l'étain, après être tombé jeudi jusqu'à 16.800 dollars, un minimum en quinze jours, a également réussi à rebondir.

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 5.026 dollars vendredi à 12H20 GMT, contre 5.050 dollars le vendredi précédent à 15H00 GMT.

L'aluminium valait 1.673,50 dollars la tonne, contre 1.655 dollars.

Le plomb valait 1.791 dollars la tonne, contre 1.794 dollars.

L'étain valait 17.250 dollars la tonne, contre 17.365 dollars.

Le nickel valait 9.515 dollars la tonne, contre 9.265 dollars.

Le zinc valait 1.941,50 dollars la tonne, contre 1.931 dollars.

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