par Catherine Hornby

L'indice mensuel de la FAO, qui mesure les variations de prix d'un panier de produits incluant céréales, oléagineux, produits laitiers, viande et sucre, s'est établi à 214,7 points le mois dernier, contre 206,0 en novembre.

Ce niveau, alimenté par la hausse des prix du sucre et la pression sur les céréales et les oléagineux, dépasse le record de 213,5 points atteint en juin 2008, qui avait provoqué des émeutes, dites de "la faim", dans plusieurs pays.

L'économiste de la FAO Abdolreza Abbassian a déclaré à Reuters que l'Organisation était inquiète de l'imprévisibilité de l'activité météorologique actuelle.

"Les prix peuvent encore beaucoup augmenter pour plusieurs raisons: si le temps sec en Argentine se transforme en sécheresse comme cela semble être le cas, si nous commençons à rencontrer des problèmes avec les dégâts hivernaux pour la récolte du blé dans l'hémisphère Nord", a -t-souligné.

LES FACTEURS DE LA CRISE DE 2008 NE SONT PAS RÉUNIS

Les dégâts hivernaux apparaissent lorsque le froid attaque la levée des graines, généralement en automne, endommageant la récolte de l'année suivante.

Abdolreza Abbassian a ajouté que malgré des prix élevés, certains des facteurs qui avaient provoqué les émeutes parfois mortelles de 2008, n'étaient pas d'actualité, réduisant le risque de voir des troubles réapparaître.

La conjonction des prix élevés du pétrole et des carburants, du recours grandissant aux biocarburants, du mauvais temps et de la montée en flèche des marchés à terme avait fait exploser les prix alimentaires en 2007/2008. Elle avait provoqué de violentes protestations dans plusieurs pays, notamment en Egypte, au Cameroun et en Haïti.

En septembre dernier, 13 personnes ont été tués au Mozambique au cours d'émeutes qui s'étaient produites après une augmentation de 30% des prix du blé, elle-même provoquée par un bond des prix mondiaux.

Les cours des céréales se sont envolés en 2010, ceux du blé ayant été exacerbés par une série d'évènements climatiques, notamment par la sécheresse en Russie et dans les pays limitrophes de la Mer Noire. Le prix du blé européen a doublé et, aux Etats-Unis, le maïs a augmenté de plus de 50% tandis que les graines de soja ont fait un bond de 34%.

STOCKS TRÈS BAS

La faiblesse des stocks de céréales américains risque de devenir critique pour les marchés. La Chine se montre en particulier très gourmande en maïs et tient absolument à se procurer des stocks de réserves suffisants.

"Les fondamentaux du marché du maïs sont clairement les plus tendus", a déclaré l'analyste de la Société Générale Emmanuel Jayet.

"C'est la céréale pour laquelle les stocks sont déjà très bas, et où il est question que les stocks se réduisent davantage, à des niveaux historiquement bas", a précisé Emmanuel Jayet, ajoutant qu'il s'attendait également à une hausse des prix du soja et du blé.

Les cours du pétrole brut ont également grimpé à un plus haut en raison de la reprise de la demande mondiale, qui a relancé les inquiétudes sur le double fardeau que va constituer des prix alimentaires et énergétiques élevés pour les pays en développement qui ne sont pas autosuffisants, a dit Abdolreza Abbassian.

"Ce sera notamment le cas pour les pays qui rencontrent des tensions inflationnistes. Les pays qui se développent rapidement sont plus vulnérables," a-t-il ajouté, évoquant l'Inde et la Chine.

Il n'a cependant pas jugé que les prix du pétrole allaient affecter les marchés des céréales et des oléagineux dans la même proportion qu'en 2007/2008, parce qu'une poussée aussi importante et soudaine n'a pas été constatée et que l'industrie des biocarburants ne grandit plus aussi rapidement qu'à cette période.

L'indice des prix du sucre s'est envolé à 398,4 points en décembre contre 373,4 points le mois précédent.

Celui des céréales est passé à 237,6 points, son plus haut niveau depuis août 2008, contre 223,3 en novembre.

Celui des oléagineux a grimpé à 263,0 points contre 243,3.

Avec Sybille de La Haimade à Paris, Marion Douet pour le service français, édité par Nicolas Delame