"Quel bilan faites-vous de l’année écoulée sur le marché des actions européennes ?
La performance du marché actions correspond peu ou prou à la croissance des bénéfices des entreprises européennes (+5% dividendes réinvestis). Si l’on tient compte des événements géopolitiques importants tels que les conflits en Ukraine et en Irak, c’est une performance honorable. Deux éléments ont dégradé le sentiment des marchés sur cette classe d’actifs. D’une part la poursuite de la baisse des taux d’intérêts en zone euro (la plupart des intervenants attendaient une tension sous l’effet de la politique monétaire américaine), d’autre part l’essoufflement de la reprise entamée au second semestre 2013. Les intervenants ont fortement révisé leurs anticipations à partir du deuxième trimestre, sanctionnant les valeurs cycliques au profit de valeurs défensives (foncières, utilities).

Attendez-vous un rattrapage des actions européennes cette année ?

Nous pensons qu’il devrait y avoir un rattrapage, dont le moteur principal sera la hausse des résultats des entreprises européennes. Le consensus des analystes table sur une croissance des bénéfices de l’ordre de 12% cette année dans la zone euro sous l’effet de la baisse conjuguée des taux, des cours du pétrole et de l’euro. Cette progression nous semble réaliste et les valorisations actuelles ne nous semblent pas intégrer ces anticipations de hausse des bénéfices. Les profits en Europe se situent 20% en-dessous des niveaux du précédent haut de cycle (juillet 2007) alors que ceux du marché américain se situent 20% au-dessus de leur niveau de 2007. Dans ce contexte nous avons tendance à privilégier les actions cycliques, y compris le secteur financier. Nous sous-pondérons les valeurs défensives (foncières, utilities notamment).

Pouvez-vous préciser l’impact respectif de la baisse de l’euro et du pétrole sur les résultats d’entreprises ?

Historiquement, 50% du chiffre d’affaires des entreprises européennes est réalisé en dehors de l’Europe. Ainsi une baisse de l’Euro devrait mécaniquement se traduire par une hausse des bénéfices des sociétés européennes. On estime par ailleurs que la baisse du pétrole devrait avoir un impact positif sur le PIB de l’économie européenne. Le chiffrage de ces anticipations dépend bien sûr de l’état de l’économie et de la façon dont chaque entreprise va réagir : certaines vont améliorer leurs marges et leurs résultats, d’autres vont en profiter pour gagner des parts de marché. Quoi qu’il en soit, ces facteurs, conjugués à la baisse des taux d’intérêt, crédibilisent l’hypothèse d’une croissance soutenue des résultats cette année.

Quels sont les facteurs susceptibles de favoriser un rattrapage des multiples (cours/bénéfices) par rapport au marché américain ?
Si les résultats des entreprises européennes se mettaient à croître et que les perspectives se clarifiaient, on pourrait avoir une revalorisation du marché. Cette revalorisation pourrait également être soutenue par la poursuite des opérations de fusion-acquisition. Les rachats d’un certain nombre d’opérateurs téléphoniques en 2014 ont ainsi poussé à la hausse les multiples du secteur. Nous pensons que l’appétit pour les opérations de fusion-acquisition va rester fort en 2015.

Quels sont les principaux risques qui pourraient remettre en cause ce scénario favorable ?
L’élément de risque le plus important, selon moi, réside dans la remontée des taux directeurs américains. Si, pour une raison ou une autre, la Fed prenait à rebours les attentes des investisseurs, cela aurait des conséquences non seulement aux Etats-Unis mais aussi en Europe. L’autre élément à surveiller est le ralentissement de l’économie chinoise. Etant donné la très faible croissance en volume dans la zone euro (moins de 1% en 2014) les entreprises européennes sont très dépendantes de la bonne santé de ces deux partenaires commerciaux.
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