PARIS (Agefi-Dow Jones)--Valdis Dombrovskis a-t-il fait un sort aux ambitions de la Place financière de Paris dans un monde post-Brexit ? Le vice-président de la Commission européenne a proposé mardi de déplacer l'Autorité bancaire européenne (EBA) de Londres à Francfort et de la fusionner avec l'Autorité européenne des assurances (Eiopa), déjà logée outre-Rhin. En lot de consolation, Paris, qui héberge l'Autorité européenne des marchés financiers (Esma), verrait le champ d'action de cette dernière élargi à la protection des consommateurs.

A Paris, la contre-attaque s'organise. Si la proposition ouverte à consultation jusqu'à fin mai est mise en oeuvre, Francfort concentrerait alors la BCE, le Mécanisme de supervision unique, et les pouvoirs de régulation financière dans la banque et l'assurance. La présence de la BCE constitue déjà un argument de poids pour la capitale régionale allemande vis-à-vis de Paris afin d'attirer, dans la perspective du Brexit, une partie des équipes des banques implantées à Londres. Celle de l'EBA risquerait de trancher définitivement le débat.

Un modèle polycentrique

"Veut-on une capitale européenne de la finance désignée comme étant Francfort, ou un modèle polycentrique ? Il est stupéfiant que la Commission européenne semble apporter sa réponse avant même d'avoir posé la question", réagit Pierre de Lauzun, délégué général de l'Amafi, l'Association françaises des marchés financiers.

"Pour les représentants de la Place de Paris, le sujet concerne moins la bancassurance que la question de la complémentarité entre activités bancaires et opérations de marché. Il y a une vraie logique à rapprocher l'EBA et l'Esma à Paris", souligne Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace. L'intérêt de loger régulation des banques et des assureurs dans une seule entité ne convainc pas non plus Pierre de Lauzun: "l'argument peut valoir pour les pays où la bancassurance est développée, comme en France, mais peu de pays sont dans ce cas".

Même scepticisme face à la concentration des superviseurs et des régulateurs dans un seul endroit. "L'EBA a un rôle de régulation pour les Etats membres de l'Union européenne, la BCE et le MSU ont un rôle de supervision des grandes banques. Ce sont deux concepts très différents. En France, d'ailleurs, ces deux fonctions sont séparées : l'ACPR n'a pas de pouvoirs de régulation, ceux-ci relèvent du Trésor", rappelle Pierre de Lauzun.

-Alexandre Garabedian, L'Agefi. ed: ECH

L'Agefi est propriétaire de l'agence Agefi-Dow Jones