Lors d'une réunion de l'Ecofin à Dublin, les ministres des Finances d'Allemagne, de France, de Grande-Bretagne, d'Italie, d'Espagne et de Pologne, ont annoncé vendredi soir leur volonté d'imposer une plus grande transparence dans le système bancaire en Europe et au-delà.

Ils comptent également porter ce message devant le G20, dont les ministres des Finances se réunissent jeudi et vendredi prochains à Washington.

"Personne ne peut nier que le secret bancaire est dépassé, que nous avons besoin d'un système efficace qui s'attaque aux stratégies d'évasion", a déclaré à la presse le ministre français Pierre Moscovici.

"Notre mission est de créer un élan. Lorsque les six principales capitales européennes avancent ensemble, cela crée un signal fort auquel personne ne peut résister", a-t-il ajouté, entouré par ses collègues.

Le commissaire européen à l'Union douanière, Algirdas Semeta, a déclaré samedi que la Belgique, les Pays-Bas et la Roumanie s'étaient joints à l'initiative des six.

"Il s'agit d'autoriser les Etats membres à faire les bons choix fiscaux sans être affectés par les mauvaises pratiques des autres", a-t-il dit aux journalistes. "En résumé, c'est une question d'équité."

"NOUS LUTTERONS POUR LE SECRET BANCAIRE"

Le ministre polonais des Finances, Jacek Rostowski, a expliqué à Reuters que son pays avait décidé de rejoindre le groupe pour s'assurer que les multinationales n'abusent pas à leur profit des disparités entre régimes fiscaux.

Son homologue britannique, George Osborne, a précisé qu'il travaillait à obtenir plus de transparence dans les territoires des Iles Caïmans et des Iles Vierges britanniques.

"Les endroits où vous pouvez vous cacher deviennent de plus en plus restreints", a-t-il jugé. "Nous sommes à un stade avancé des discussions", a-t-il ajouté à propos des négociations concernant ces deux territoires.

"Ils savent parfaitement ce que nous attendons d'eux", a-t-il encore dit.

Face à ces pressions, la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter, s'en est tenue à ses précédentes déclarations, défendant le fait que son pays prélève une taxe sur les dépôts de ressortissants étrangers et reverse l'argent aux pays concernés, sans pour autant communiquer les noms des déposants.

"Nous lutterons pour le secret bancaire. Nous ne sommes pas un paradis fiscal", a déclaré Fekter, issue des rangs conservateurs.

Mais le chancelier Werner Faymann, un social-démocrate, affiche une position plus souple. Dans une interview au journal Österreich publiée samedi sur son site internet, il déclare qu'il s'est entendu avec son vice-chancelier, le conservateur Michael Spindelegger, pour définir une ligne claire sur cette question.

"Le secret bancaire sera maintenu pour les Autrichiens. Dans le même temps, nous souhaitons participer aux échanges de données pour les étrangers. Comment cela sera appliqué sera l'objet de négociations", a-t-il dit.

Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a estimé que l'évasion fiscale privait les pays de l'UE de 1.000 milliards d'euros par an.

John O'Donnell et Jan Strupczewski; Pierre Sérisier et Jean-Stéphane Brosse pour le service français