D'ici là, l'exploration minière, notamment en Europe, ainsi que le développement d'une filière recyclage constituent autant d'options pour assurer l'approvisionnement industriel en "terres rares", ces 17 métaux essentiels dans les technologies de pointe.

"Nous n'avons pas le sentiment qu'il faille prendre la dénomination de 'terres rares' au pied de la lettre", explique François Bersani, secrétaire général du Comes, créé en janvier 2011 pour travailler sur l'approvisionnement de la France en métaux stratégiques.

"C'est-à-dire qu'elles ne sont pas si rares que ça dans l'écorce terrestre. Si les prix sont à la hausse, il y aura de plus en plus d'hypothèses de mise en production, c'est sûr."

La Chine, qui produit aujourd'hui plus de 95% de ces substances, n'abriterait que 40% des réserves mondiales. En 2010, elle a réduit ses exportations de terres rares de près de 10% et le prix de ces métaux a atteint des sommets.

Plusieurs projets miniers sont actuellement en cours dans le monde, comme l'ouverture prochaine de la mine australienne du groupe Lynas Corp's ou la réouverture de la mine de Mountain Pass, en Californie, par Molycorp's.

La France se tourne elle vers ses hauts-fonds marins, où des explorations ont débuté au large de Wallis et Futana sur des gisements d'amas sulfurés contenant des terres rares.

En vue de réduire sa dépendance, l'Union européenne est en train de constituer des stocks de terres rares, a déclaré mardi un porte-parole du commissaire européen à l'Industrie Antonio Tajani.

François Bersani dit ne pas avoir connaissance de cette décision, mais précise que l'Europe constitue elle-même une ressource potentielle.

TECHNOLOGIES ALTERNATIVES

"En termes de matières premières, nous en avons en Europe, notamment en Scandinavie", rappelle François Bersani, précisant qu'on trouve également des terres rares en France métropolitaine mais dans une proportion qui n'est "pas comparable aux gisements chinois ou californiens".

"Nous consommons (aussi) des produits fabriqués ou importés en Europe qui contiennent des terres rares. Ces produits en fin de vie, qu'est-ce qu'on en fait ? C'est ce qu'on appelle une mine urbaine, donc une forme de ressource."

Les déchets électroniques contenant des terres rares, ces "mines urbaines", intéressent en effet de plus en plus des entreprises et les pouvoirs publics.

Le groupe de chimie Rhodia projette d'ouvrir en France au premier semestre 2012 deux unités de recyclage des poudres de terres rares contenues dans les ampoules à basse consommation. Près de 17 tonnes de ces poudres ont été collectées en 2010 par l'éco-organisme Récylum, chargé de ce secteur en France.

De son côté, l'Etat a notamment lancé dans le cadre des investissements d'avenir un appel d'offres, piloté par l'Ademe, sur les questions de récupération et de recyclage, ajoute François Bersani.

Cette deuxième option d'approvisionnement suppose de lourds investissements et des efforts de recherche technologique. Mais elle pourrait être éclipsée à terme par la découverte de substances ou de technologies alternatives à ces métaux aujourd'hui incontournables.

"Nous sommes dans une démarche dynamique où il faut à la fois essayer d'appréhender le long terme et être prêt à réviser son appréhension", conclut François Bersani, citant l'exemple d'un métal stratégique, le lithium, qui entre dans la composition des batteries de voitures hybrides et électriques.

"Les besoins en lithium pourraient exploser si la filière devenait prédominante. Mais il est clair que si on s'oriente vers une autre technologie, ce n'est plus le même problème."

Edité par Marie Maître et Valérie Parent