Netflix, le spécialiste de la location vidéo en ligne, le réseau social Facebook ou encore le constructeur de voitures électriques Tesla Motors, ainsi que des valeurs des biotechnologies ou du "cloud computing" sont particulièrement concernés.

Certaines ont chuté de plus de 20% durant le mois écoulé, créant ainsi leur propre marché baissier (bear market) personnel, et pourtant leur valorisation dépasse encore de loin celle des grands indices boursiers. Wall Street définit un "bear market" par une chute de 20% au moins par rapport au pic le plus récent.

Ainsi, Facebook a perdu près de 22% par rapport à un record en séance inscrit il y a moins d'un mois. Au cours de clôture de vendredi, elle conserve un gain de près de 3,8% depuis le début de l'année. Parmi les biotechs, Alexion Pharmaceuticals a reculé de 23% sur un record en séance datant du 23 février. Elle conserve pourtant un gain de 7% depuis le début de l'année.

Facebook se traitait encore vendredi à un ratio cours-chiffre d'affaires proche de 20, ce qui en fait la valeur la plus chère de l'indice S&P-500, lequel a un ratio global de 1,7. Ce ratio met en rapport la capitalisation d'une valeur donnée et son chiffre d'affaires sur une période de 12 mois.

Nombre de ces valeurs sont cotées sur le Nasdaq, dont l'indice composite a reculé de 2,60% vendredi, le Dow Jones limitant sa perte à 0,96% et le S&P-500 à 1,25%.

MOUVEMENT DE ROTATION

Les attentes vis-à-vis des résultats de sociétés du premier trimestre ont été revues en baisse mais les investisseurs espèrent en de meilleurs lendemains pour la plus grande partie des sociétés composant le S&P-500. Ce contexte favorise la poursuite du mouvement de rotation au détriment des valeurs d'hypercroissance ("momentum stocks") et au profit des valeurs de croissance régulière.

La "saison" des résultats de sociétés trimestriels débute la semaine prochaine avec notamment les bancaires JPMorgan Chase et Wells Fargo. Les bénéfices des sociétés du S&P-500 sont attendus en maigre hausse de 1,2% au premier trimestre, suivant Thomson Reuters. En début d'année, une croissance de 6,5% était anticipée.

"Je ne crains pas une propagation à l'ensemble de la cote", tempère David Joy (Ameriprise Financial). "Nous fluctuons étroitement, trouvant de la résistance à des niveaux records, donc il n'y a pas lieu de paniquer", poursuit-il. "Il y a sûrement de bonnes affaires; il faut tout simplement éviter celles qui se font corriger. Les financières sont intéressantes tout comme les industrielles. Les techs les plus matures, surtout dans le segment des logiciels, semblent attrayantes".

D'autres sont plus préoccupés par un éventuel effet boule de neige. "Si la faiblesse (des valeurs d'hypercroissance) se répercute à d'autres secteurs, cela témoignera d'un changement fondamental du marché", dit Michael Matousek (U.S. Global investors). "Si ça continue comme ça, on risque de rechercher une protection ou d'examiner ses fondamentaux".

Cela dit, l'intérêt pour les valeurs spéculatives n'est pas totalement passé. Quatre sociétés ont fait leurs débuts boursiers vendredi et elles ont toutes terminé en hausse, et surtout GrubHub, le leader de la livraison de menus commandés en ligne aux Etats-Unis, qui a gagné 31%.

AU MAUVAIS MOMENT

Des actions telles Neftlix ayant une valorisation bien supérieure au marché, certains investisseurs hésitent à les acheter à présent. "Pour que les valeurs d'hypercroissance marchent, il faut des gens qui croient qu'elles vont continuer de monter", constate Kim Forrest (Fort Pitt Capital Group).

Mike O'Rourke (Jones Trading) observe que si nombre de ces valeurs sont encore en hausse depuis le début de l'année dans l'absolu, ceux qui les ont achetés en sont pour leurs frais si on considère le prix moyen pondéré par le volume (VWAP), ratio qui mesure le coût moyen d'une valeur sur une période donnée.

Facebook gagnait ainsi 9% depuis le début de l'année au cours de clôture de jeudi. En tenant compte de la séance de vendredi, les investisseurs qui ont acheté cette valeur cette année avaient en moyenne perdu 6% sur la base VWAP.

"Ils ont acheté au mauvais moment, sur la base du cours actuel des titres", dit-il. "Cela veut dire aussi qu'il est fort probable qu'il y ait une offre surnuméraire lorsque l'action montera, les investisseurs tentant de dénouer ces transactions déficitaires".

Enfin, le marché des options montre que les investisseurs font montre d'une certaine prudence vis-à-vis des valeurs high techs, avec des volumes bien supérieurs à la moyenne journalière ou avec des volumes sur les "put" (option de vente) supérieurs aux volumes "call" (option d'achat).

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

par Angela Moon