AT&T, bien qu'étant le premier concerné, est finalement l'un des seuls à ne pas bénéficier de la décision de justice favorable à son rachat de Time Warner (+3,28% à 99,39 dollars). Il perd 4,8% à 32,7 dollars alors qu'un tribunal de Columbia a décidé que l'opérateur télécoms peut mener à bien son rapprochement à 108,7 milliards de dollars avec le groupe de médias. Les autorités de la concurrence américaines (DoJ) ont maintenant six jours pour se prononcer et dire si elles suivent le tribunal ou si elles font appel de la décision et tentent une nouvelle fois de bloquer l'opération.

Fin novembre, le Department of Justice américain avait déjà décidé de bloquer l'acquisition de Time Warner par AT&T, estimant qu'elle "réduirait de manière substantielle la concurrence et qu'elle entrainerait des hausses de prix et une moindre innovation pour des millions d'Américains". Le DoJ craignait alors que le géant qui sortirait de la fusion n'impose aux diffuseurs des prix exorbitants pour avoir accès à ses programmes et distribuer ses chaines. Time Warner détient notamment les networks HBO, Cinemax, CNN, Cartoon Network...

Le tribunal de Columbia a décidé pour sa part que le gouvernement n'avait pas soulevé des arguments suffisamment valables pour justifier une interdiction du rapprochement.

Le feu vert au deal AT&T/Time Warner pourrait entrainer une vague de consolidation

La réaction particulièrement glaciale que les investisseurs réservent à cette décision est décryptée par Jefferies : AT&T sera sans doute contraint de faire de lourds investissements dans les contenus de Time Warner pour les développer alors que les bénéfices du rapprochement, en termes de revenus publicitaires, vont mettre du temps à se matérialiser. Pour sa part, Moody's souligne que les coûts de financement de l'acquisition vont consommer la quasi-totalité du free cash flow d'AT&T et limiter sa capacité de désendettement. L'agence de notation a maintenu sa notation d'AT&T sous revue avec implication négative.

Au-delà du cas AT&T, cette nouvelle avancée dans le dossier Time Warner a des répercussions sur l'ensemble du secteur des médias car elle pourrait déclencher une vague de rapprochements entre les différents opérateurs, prévoient plusieurs analystes. En clair, si les autorités américaines se montrent ouvertes à ce deal géant, tous les espoirs sont permis pour que d'autres opérations du même type soient également approuvées.

Walt Disney s'apprécie par exemple de 2,42% et domine le Dow Jones. 21st Century Fox est en tête du S&P à la faveur d'une hausse de près de 8% alors que Comcast cède 1,48%. Ces variations ne sont pas anodines car ces trois-là sont engagés dans un bras de fer qui devrait aboutir à une autre opération de consolidation. En effet, Disney veut acquérir des actifs de Fox sur lesquels Comcast a également des vues.

Sans être directement concernés par une quelconque offre de rachat, Discovery bondit de 4,62%, CBS de 4,05% et Viacom de 2,79%.