(Actualisé avec déclaration télévisée d'Essebsi §§3-4)

par Patrick Markey et Tarek Amara

TUNIS, 4 juillet (Reuters) - Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a décrété l'état d'urgence samedi pour accroître les moyens d'action de son gouvernement après l'attaque contre un hôtel à Sousse le 26 juin, qui a fait 38 morts.

L'état d'urgence renforce à titre temporaire les pouvoirs de l'armée et des forces de sécurité tout en restreignant certains droits, comme celui de rassemblement sur la voie publique.

Jugeant la Tunisie "en état de guerre", le président Essebsi a estimé lors d'une allocution télévisée que les autorités devaient prendre "toutes les mesures nécessaires" pour lutter contre le terrorisme.

Il a précisé que l'état d'urgence, qui n'a plus été appliqué en Tunisie depuis le soulèvement contre le régime autoritaire de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, resterait en vigueur pendant 30 jours renouvelables.

Trente-huit touristes étrangers, britannique pour la majeure partie d'entre eux, ont été tués le 26 juin sur la plage de l'hôtel Imperial Marhaba, avant que l'auteur de l'attaque soit abattu.

Cette attaque est intervenue un peu plus de trois mois après celle du musée du Bardo, à Tunis, qui a coûté la vie à 20 touristes étrangers.

Jeudi, le gouvernement a annoncé l'arrestation de 12 personnes soupçonnées d'être liées à l'attaque de Sousse, précisant que deux autres suspects étaient encore recherchés.

FERMETURE DE MOSQUÉES

Selon les autorités tunisiennes, les deux auteurs de l'attaque du musée du Bardo et celui de l'attaque de Sousse ont été entraînés à la même période dans des camps djihadistes en Libye, pays frontalier de la Tunisie dans lequel le conflit en cours entre deux gouvernements rivaux permet à des groupes armés de gagner du terrain.

Le gouvernement a par ailleurs annoncé qu'il allait fermer 80 mosquées considérées comme illégales ou accusées de diffuser des discours extrémistes.

Les autorités tunisiennes estiment que le groupe djihadiste Ansar al Charia, lié à Al Qaïda, est responsable de l'attaque de Sousse, qui a pourtant été revendiquée par l'organisation Etat islamique (EI).

Ansar al Charia a été accusé d'avoir commis l'attaque contre l'ambassade américaine à Tunis en 2012 et l'assassinat de deux figure de l'opposition tunisienne ces dernières années. Mais il est considéré comme largement démantelé, la plupart de ses membres étant partis combattre en Irak, en Syrie ou en Libye.

"Pour l'instant, c'est Ansar al Charia qui était derrière tout ça", a dit une source au sein des services de sécurité.

L'EI a également revendiqué l'attaque du musée du Bardo mais le gouvernement a déclaré que ses auteurs étaient liés au groupe islamiste Okba Ibn Nafaa, lui aussi affilié à Al Qaïda. (Marc Angrand et Tangi Salaün pour le service français)