Bien que la BCE soit à court de solution pour poursuivre sa politique accommodante, la monnaie unique ne parvient pas à se relancer, à la fois pénalisée par la perspective imminente d’une hausse de taux outre-Atlantique et par le risque de « Brexit dur » qui plane sur le Vieux-Continent.

Même si l’inflation progresse à +0.4% sur un an en zone Euro, d’autres indicateurs montrent que cette performance s’attribue davantage au rebond des prix de l’énergie qu’à l’efficacité de la politique de l’autorité monétaire européenne. A ce constat s’ajoute la pénurie des obligations éligibles à son programme de rachats d’actifs et la problématique de l’inéluctable prochain retrait de celui-ci, lequel pourrait faire davantage de mal à l’économie des 19 que sa mise en place ne l’a renforcée.

Si ces éléments ont plutôt tendance à épargner désormais la devise européenne d’une pression baissière qui fut majeure entre 2014 et 2015, d’autres éléments l’empêchent de progresser.

Sur le front du Brexit d’une part, la pression exercée outre-Manche par la Première ministre Theresa May, pour déclencher dès mars prochain une sortie sans concession ni consultation du Parlement, inquiète les milieux d’affaires qui craignent que le Royaume-Uni ne perde l’accès au marché unique.

Aux Etats-Unis d’autre part, les clignotants macroéconomiques reverdissent nettement alors que le moral des ménages enregistre un plus haut depuis la récession, que les inscriptions hebdomadaires au chômage reculent à un point bas depuis fin 1973, que la consommation tire la croissance et que les cours du pétrole soutiennent l’inflation.

Le compte rendu de la dernière réunion de la Réserve Fédérale faisant déjà état de débats très serrés au mois de septembre, il ne fait désormais plus guère de doute, à moins d’une volatilité exacerbée sur les marchés que provoquerait par exemple une victoire surprise de Trump aux prochaines élections, que la FED relèvera le loyer de l’argent d’ici la fin de l’année.

Techniquement, en données hebdomadaires, la parité reste néanmoins bien ancrée dans son range (1.0587-1.1449) où 1.0966 joue un rôle de pivot. Tiraillée entre l’impuissance de la BCE d’un côté et les velléités de la banque centrale américaine ou du gouvernement britannique de l’autre, l’Euro traine décidément à choisir une direction de long terme. Nous préférons rester à l’écart sur cet horizon, dans l’attente d’une meilleure visibilité.