La monnaie unique européenne est tombée sous le seuil de 1,10 dollar au cours de la séance asiatique, une fois connue la victoire du "non" que de nombreuses banques internationales considéraient comme le catalyseur d'une sortie de la Grèce de la zone euro.

L'euro a toutefois rapidement rebondi, cédant moins de 0,40% à 1,1069 vers 08h30 GMT, soutenu par l'annonce de la démission du ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis.

Son maintien en poste aurait pu constituer un obstacle à la recherche d'un compromis, son attitude et ses prises de position étant jugées provocatrices par un nombre croissant de ses interlocuteurs.

"Pour moi, tout va dépendre de la manière dont (la chancelière allemande Angela) Merkel va vouloir jouer le coup. Le départ de Varoufakis suggère des négociations plus en douceur", a dit Richard Benson, co-responsable des investissements de Millenium Global.

Il a souligné comme d'autres que l'incertitude liée à l'issue du référendum grec est susceptible de dégrader les perspectives économiques en Europe.

La Banque centrale européenne a par ailleurs annoncé par la voix de Benoît Coeuré, membre de son directoire, qu'elle était prête à utiliser si nécessaire des mesures supplémentaires.

"L'euro se reprend après la chute post-référendum, mais cela occulte sa vulnérabilité dans les prochains jours", a dit Josh O'Byrne, stratégiste changes chez Citi.

INTERVENTION DE LA BNS ?

Le regain d'incertitude pousse aussi les investisseurs à privilégier les valeurs-refuges comme les emprunts d'Etat allemands, offrant un soutien à court terme à l'euro.

"Toutes les inquiétudes sur la Grèce et le futur de la zone euro poussent les gens à acheter les actifs des pays coeur de l'Europe comme valeurs-refuges et paradoxalement cela soutient l'euro", a dit Jane Foley, stratégiste changes chez Rabobank.

Le franc suisse, traditionnellement grand bénéficiaire de la fuite vers la qualité, est stable contre l'euro, ce qui a alimenté les rumeurs d'intervention de la Banque nationale suisse pour en freiner l'appréciation.

La BNS a confirmé la semaine dernière qu'elle était intervenue pour faire baisser sa devise. Elle s'est refusée lundi, comme à son habitude, à tout commentaire sur les rumeurs de marché.

L'euro, qui a touché un plus bas de six semaines contre la devise japonaise à 133,70 yens en Asie après 136,185 yen vendredi, est remonté à 135,77, en baisse de 0,3%.

"Il semble que (la baisse de l'euro) est très contenue jusqu'à présent. Les mouvements n'ont pas été aussi importants que certains l'avaient anticipé", a dit Mitul Kotecha, stratégiste change pour l'Asie-Pacifique de Barclays. "

Il semble bien que beaucoup d'investisseurs restent encore à l'écart, ne souhaitant pas prendre de risque à ce stade."

(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Patrick Graham