BENGHAZI, Libye, 20 octobre (Reuters) - Repliée à Tobrouk, la Chambre des représentants libyenne a officiellement annoncé son alliance avec l'ancien général Khalifa Haftar, qui a juré de débarrasser la Libye des groupes islamistes.

Chassés de Tripoli cet été par les miliciens pro-islamistes venus de Misrata, les élus du nouveau parlement et le gouvernement du Premier ministre Abdallah al Thinni, seul reconnu par la communauté internationale, se sont installés à Tobrouk, dans l'est du pays.

Dans la capitale libyenne, les miliciens ont formé un gouvernement parallèle et rétabli l'ancien parlement, le Congrès général national (CGN).

Le général à la retraite Khalifa Haftar a lancé ses forces en mai dernier contre les islamistes qui veulent contrôler aussi l'est du pays, notamment Benghazi, capitale de la Cyrénaïque.

Cette "Opération Dignité" a rencontré plus ou moins de succès et les forces de Khalifa Haftar mènent depuis la semaine dernière une nouvelle offensive.

La Chambre des représentants a décidé de soutenir officiellement cette opération, a annoncé le porte-parole du parlement, Farradj Hachem.

"L'Opération Dignité est une opération de l'armée libyenne", a-t-il dit.

Le parlement élu, qui exige le désarmement de toutes les milices à travers le pays, semble ainsi considérer les forces du général Haftar comme faisant partie de l'armée nationale.

A Benghazi, les hommes d'Haftar luttent depuis mai aux côtés des soldats des forces spéciales libyennes.

A Tripoli, les miliciens de Misrata voient dans Haftar un nostalgique de Mouammar Kadhafi qui cherche à rétablir l'ancien régime. Si Khalifa Haftar a bien aidé Kadhafi à prendre le pouvoir en 1969, il s'est ensuite brouillé avec le "guide" dans les années 1980.

Les Nations unies tentent de favoriser des négociations entre les différentes factions et le gouvernement mais les milices islamistes refusent d'y participer.

L'envoyé spécial de l'Onu pour la Libye, Bernadino Leon, qui a rencontré lundi à Luxembourg les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, a souligné la nécessité d'"agir immédiatement" pour empêcher que le pays ne sombre dans une guerre civile généralisée.

"La Chambre des représentants (de Tobrouk) est le seul organe légitime du pays", a-t-il souligné.

Les discussions sous l'égide de l'Onu se sont ouvertes le 29 septembre à Ghadames, une ville du Sud proche de la frontière algérienne, afin de tenter de parvenir à un cessez-le-feu. (Ayman al-Warfalli et Feras Bosalum, avec Robin Emmott à Luxembourg; Guy Kerivel pour le service français)