(Actualisé avec réaction américaine)

par Jeffrey Heller

JERUSALEM, 25 mai (Reuters) - Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a conclu mercredi un accord de coalition avec le parti d'extrême droite Israel Beitenu, dont le chef de file, Avigdor Lieberman, obtient le poste clé de ministre de la Défense, tout en promettant que le nouveau gouvernement, le plus à droite de l'histoire du pays, agirait de manière responsable.

Cet accord permet à Benjamin Netanyahu de renforcer sa majorité à la Knesset, où il pourra désormais compter sur les voix de 66 des 120 députés contre 61 jusqu'à présent, un objectif affiché depuis sa victoire aux élections législatives de l'an dernier.

L'un des six députés Israel Beitenu, Orly Levi-Abekasis, a annoncé son intention de quitter le parti sans renoncer à son siège, en justifiant sa décision par l'abandon de réformes économiques et sociales.

Après l'échec, la semaine dernière, de discussions avec l'Union sioniste (gauche), principal parti d'opposition, Benjamin Netanyahu avait entamé des négociations avec Avigdor Lieberman, ce qui a conduit à la démission le ministre de la Défense, Moshe Yaalon, ancien chef d'état-major de Tsahal et membre du Likoud.

Israel Beitenu sera le sixième parti de la coalition formée par Benjamin Netanyahu, qui réunit des formations nationalistes et religieuses.

Le retour d'Avigdor Lieberman, ancien ministre des Affaires étrangères, suscite des inquiétudes en Israël et à l'étranger, compte tenu de ses propos au sujet des Arabes israéliens, du processus de paix ou de l'Egypte et de la Turquie.

Les Etats-Unis jugeront le gouvernement en fonction de ses actes, a promis Mark Toner, porte-parole du département d'Etat, tout en reconnaissant que l'élargissement de la coalition gouvernementale soulevait "des questions légitimes quant à la direction qu'elle prendra (...) et aux politiques qu'elle mènera".

"Nous avons pris note des informations (...) qui la décrivent comme la coalition la plus à droite de l'histoire d'Israël et nous savons aussi que beaucoup de ses ministres sont hostiles à une solution à deux Etats", a-t-il ajouté.

"MA POLITIQUE N'A PAS CHANGÉ", DIT NETANYAHU

Lors de la cérémonie de signature de l'accord de coalition, les deux dirigeants se sont exprimé successivement en hébreu et en anglais afin de tenter de rassurer la communauté internationale.

"Mon gouvernement reste déterminé à rechercher la paix avec les Palestiniens, à rechercher la paix avec tous nos voisins", a dit Benjamin Netanyahu. "Ma politique n'a pas changé. Nous continuerons de saisir toute opportunité de paix tout en assurant la sûreté et la sécurité de nos concitoyens."

Avigdor Lieberman, qui a par le passé menacé de faire sauter le barrage égyptien d'Assouan et prôné l'assassinat de dirigeants du Hamas dans la bande de Gaza, a promis de mener une politique "responsable et raisonnable".

"Au bout du compte, j'ai l'intention d'assurer la sécurité et, bien sûr, nous sommes tous déterminés, fortement déterminés, à parvenir à la paix et à un accord définitif (avec les Palestiniens)", a-t-il dit.

Nabil Abou Rdainah, porte-parole du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré de son côté que "ce qui est important, ce sont les actes, pas les paroles".

"Israël doit tirer la vraie leçon du processus de paix : il n'y aura ni paix ni stabilité dans la région tant que la question palestinienne ne sera pas résolue", a-t-il ajouté.

Plusieurs anciens responsables politiques et militaires israéliens ont par ailleurs critiqué le virage politique amorcé par Benjamin Netanyahu. (Dan Williams; Danielle Rouquié, Marc Angrand et Jean-Philippe Lefief pour le service français)